Impôt d'église, ''Tu payes, on s'occupe de toi, et tu vas au Paradis'' 
En décrétant que tout ceux qui décident de ne plus payer l'impôt religieux se mettent au ban de l'Eglise et ne peuvent plus bénéficier de ses "services", les évêques allemands prennent un risque... pas forcément payant.
En décrétant que tout ceux qui décident de ne plus payer l'impôt religieux se mettent au ban de l'Eglise et ne peuvent plus bénéficier de ses "services", les évêques allemands prennent un risque... pas forcément payant.
En Allemagne, selon un système mis en place 
au XIXe siècle, il n'existe pas de denier du culte: on coche sur sa feuille 
d'impôt une case correspondant à sa religion, et l'Etat prélève directement une 
partie de votre salaire, qui va alors au culte de votre choix; si vous 
n'appartenez à aucune religion, vous n'êtes pas prélevé. Ce système permet de 
comptabiliser avec précision le nombre de croyants des différentes religions... 
si l'on excepte que certains de ceux qui ne payent pas cet impôt sont peut-être 
davantage des personnes en difficulté économique que des mécréants.
En 
tout cas, la prise de position drastique des évêques allemands sur cette 
question risque de provoquer bien de remous. L'affaire avait démarré en 2007. Un 
canoniste allemand, Hartmut Zapp, avait alors révélé dans une interview qu'il ne 
payait plus l'impôt religieux allemand, le Kirchensteuer. Choquée, la Conférence 
des évêques l'avait alors poursuivi en justice. Elle a perdu le procès en 
première instance, puis l'a gagné en appel en 2010, mais l'affaire sera rejugée 
devant un tribunal fédéral à la fin du mois. Il faut dire que l'hémorragie de 
fidèles ne cesse de croître: rien qu'en 2010, année particulièrement rude pour 
une Eglise allemande empêtrée dans les scandales de pédophilie, 18.000 fidèles 
ont renoncé à payer le Kirchesteuer.
Comment faire, donc, pour enrayer 
le mouvement? C'est une drôle de parade que les évêques allemands pensent avoir 
trouvée. Dans 
un décret paru sur le site de la Conférence des évêques allemands, ils 
expliquent que dorénavant, "celui qui déclare aux autorités civiles 
compétentes son retrait de l'Église pour quelque raison que ce soit déroge ainsi 
au devoir de servir l'Église […], ainsi qu'au devoir d'apporter sa contribution 
financière afin de permettre à l'Église d'accomplir ses devoirs". 
Concrètement, les mauvais payeurs devront donc s'abstenir des différents 
"services" ecclésiaux, mariages, funérailles et  ne pourront pas non plus être 
parrains ou marraines d'un enfant catholique. Tollé sur le web, où de nombreux 
articles en anglais, en allemand (et maintenant en français) expliquent, pour 
reprendre le titre de Slate.fr, que "les mauvais payeurs n'iront pas au Paradis". 
La 
réalité est un peu plus complexe, puisque d'ores et déjà, en Allemagne, 
quiconque veut bénéficier d'une kyrielle de services d'Eglise (inscrire ses 
enfants chez les scouts, ou dans certaines écoles catholiques) doit depuis 
longtemps prouver qu'il paie le Kirchensteuer. En fait, le décret ne fait que 
préciser une situation existante; de plus, il a été approuvé par la Congrégation 
pour les évêques au Vatican, ce qui ne lui confère aucune valeur canonique: si 
c'était le cas, il aurait fallu qu'il soit approuvé par la Congrégation pour le 
clergé, ou par le Secrétaire d'Etat, ou par le pape lui-même. Tout indique qu'il 
s'agit de frapper un grand coup pour mettre les catholiques pratiquants face à 
leurs responsabilités. Au risque d'une image de marque désastreuse, et d'une 
pastorale fort difficile à appliquer concrètement. par 

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