Pourquoi François Hollande ferait mieux de refuser les titres honorifiques religieux
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Ce matin a lieu l'investiture du nouveau président de la République, entre protocole empesé, dorures Elyséennes, et traditions souvent issues de la royauté. Dont celles des titres religieux honorifiques liés à la fonction présidentielle que François Hollande ferait mieux de refuser, selon Dom. B., chroniqueuse au Plus.
Durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, la laïcité a été mise à mal, la religion ayant eu une place dans la vie de la République qui n'est normalement pas la sienne, place qui relève normalement du domaine privé.
"La laïcité ne saurait être la négation du passé. La laïcité n’a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes. Elle a tenté de le faire. Elle n’aurait pas dû. Si la laïcité permet à chacun de vivre librement sa religion, c'est aussi la séparation de l'église, des églises, quelles qu'elles soient, et de l'état."
Quand Sarkozy choquait les laïcs
Souvenons-nous du discours de Latran (extrait ci-dessus), durant lequel Nicolas Sarkozy choqua les laïcs, dont je suis, par un discours qui visait à réconcilier la France cléricale et la France républicaine. Il prôna alors une "laïcité positive" plutôt qu'une stricte séparation, vantant les racines chrétiennes de la France et plaçant même le curé au dessus de l'instituteur : "Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance".
Ce qui l'obligea à un rétropédalage presque amusant, cette fois au dîner du CRIF où il affirma sans rire n'avoir jamais dit cela, une grande habitude Sarkozyste.
"Et jamais je n'ai dit que l'instituteur était inférieur au curé, au rabbin ou à l'imam pour transmettre des valeurs. Mais ce dont ils témoignent n'est tout simplement pas la même chose."
Sarkozy, fou de Dieu ?
Le discours de Latran comme celui de Rome, puis plus récemment ses discours de campagne ont fait la part belle à la religion catholique, au détriment de l'islam, qu'il a pointé du doigt accusateur d'être le creuset des extrêmes, voire de l'extrémisme.
Discours de Latran, à l'occasion de l'installation du président en tant que chanoine d'honneur de l'archibasilique Saint-Jean de Latran, titre que Sarkozy était allé chercher "avec bonheur".
Discours de Rome, et de Ryad qui fera même rappeler que la loi sur la laïcité était un des piliers de la République par Jean-Louis Debré. "Sarkozy, fou de Dieu" titra avec simplicité "Marianne".
"Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le cœur de chaque homme. Dieu qui n’asservit pas l’homme mais qui le libère. Dieu qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes." (discours de Riyad)
Des titres religieux qui n'ont pas lieu d'être
Aujourd'hui, nous assistons sous les ors de la République à un rituel empesé, durant lequel François Hollande rappelle "les valeurs de la République". "Nous sommes la France, non pas opposés les uns aux autres, une France réunie dans une même communauté" rappelant le principe républicain de laïcité.
Avec cette investiture viennent traditionnellement de nombreux titres religieux, dont l'origine remonte aux rois de France, et qui n'ont aujourd'hui plus aucune raison d'être, plus aucune raison d'être même acceptés, tel le fameux titre de chanoine de l'archibasilique de Latran que François Mitterrand ni George Pompidou n'allèrent chercher.
Tous titres, honneurs religieux que les présidents de la République française sont supposés accepter au nom d'une tradition désormais obsolète, venus de la royauté :
- Proto-chanoine de la cathédrale Notre-Dame d'Embrun
- Chanoine honoraire de la cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne
- Chanoine ad honores de Saint-Hilaire de Poitiers, de Saint-Julien du Mans, de Saint-Martin de Tours, de Saint-Maurice d'Angers, de Saint-Jean de Lyon, de Saint-Étienne de Châlons et de Saint-Germain-des-Prés à Paris.
- Proto-chanoine de la basilique Notre-Dame de Cléry
- Premier et unique chanoine d'honneur de l'archibasilique Saint-Jean de Latran à Rome.
Ça en fait des croix à porter.
François Hollande devrait y mettre un terme
Au nom de cette laïcité dont François Hollande a fait un des thèmes principaux de sa campagne, s'engageant même à la faire inscrire dans la constitution, malgré la loi de 1905, tous ces titres et honneurs religieux n'ont désormais plus raison d'être, et il serait bon que François Hollande y mette un terme et y renonce.
Après, on pourra aussi discuter du préposé au touillage du jus d'orange ou de ces huissiers chargés des ouvertures et fermetures des portes du président. Par Dom B. Source
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