Le Vatican peine encore à trouver les voies d’une véritable transparence financière.
En cash, pas de traces... |
L’Institut pour les œuvres de religion (IOR), appelée communément la «banque du pape», a été fondé le 27 juin 1942 par Pie XII. Il s’agissait alors de permettre la gestion des mouvements financiers des divers acteurs du monde catholique. À l’époque, le secret (comptes anonymes et numérotés) avait pour but de faciliter les transferts financiers du Saint-Siège, des congrégations religieuses et des organismes humanitaires catholiques à destination des pays de mission et surtout des contrées soumises à des dictatures hostiles à l’Église.
Dans les années 1970, l’opacité du système avait permis à des capitaux mal identifiés, issus notamment de la Mafia, d’être recyclés. À l’époque, Mgr Paul Marcinkus, américain, présidait aux destinées de l’IOR sans s’encombrer de trop de scrupules.
Aujourd’hui, le patrimoine de l’IOR est évalué à cinq milliards d’euros, dont 80 % appartiennent à des monastères, congrégations religieuses, conférences épiscopales, majoritairement européens. Officiellement, ses fonds sont distincts de ceux du Saint-Siège. Limite à la transparence : seul le pape, les cardinaux membres du conseil de surveillance, les quatre administrateurs et les commissaires aux comptes peuvent avoir accès à l’ensemble des bilans.
«Nous devons être irréprochables»
Mais ces 33000 comptes sont désormais nominatifs, selon la volonté de Benoît XVI, mise en œuvre par Ettore Gotti Tedeschi, pourtant désavoué brutalement le 25 mai. Il avait été chargé par le pape de mettre en place une réelle politique de transparence financière, avec cette instruction : «Nous devons être irréprochables.»
Pour atteindre cet objectif, en compagnie du cardinal Attilio Nicora, responsable de la nouvelle autorité de contrôle des finances (AIF), Ettore Gotti Tedeschi aurait soutenu une ligne satisfaisant aux critères fixés par l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) en vue de figurer sur la «liste blanche» d’États irréprochables en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Une nouvelle loi financière, dite «loi 127», a été promulguée en ce sens par Benoît XVI le 31 décembre 2010, puis amendée par un décret du 25 janvier 2012, pour entrer en vigueur le 2 avril. Au fil de ces modifications, les pouvoirs de contrôle de l’AIF ont été réduits au profit de la secrétairerie d’État et du cardinal Bertone, ce dont le cardinal Nicora s’était inquiété. Un rapport préliminaire du groupe «Moneyval», composé d’experts de l’OSCE, a mis en évidence neuf points de progrès nécessaires sur les douze critères conduisant à l’inscription sur la «liste blanche». A priori attendue pour mi-juillet, celle-ci pourrait être repoussée.
Le conseil de surveillance de l’IOR, composé des cardinaux Attilio Nicora, Jean-Louis Tauran, Telesphore Toppo et Odilo Scherer s’est réuni en urgence dans l’après-midi du vendredi 25 mai, sans pouvoir se mettre d’accord sur la succession d’Ettore Gotti Tedeschi, ni se prononcer sur son éviction. Sans doute ont-ils été surpris par la brutalité et la soudaineté de la mesure. par Frédéric Mounier Source
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