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Thursday, November 22, 2012

Egypte, Pas de mariage religion-politique

Pas de mariage religion-politique
Avec l’intronisation du nouveau pape, l’Eglise copte amorce officiellement son repositionnement dans la société civile, comme sur la scène politique.
 
Au milieu des chants, des psaumes et hommages, en arabe, en grec, en anglais et en copte, l’évêque Pakhomios, patriarche par intérim depuis le décès de Chénouda III, a procédé à l’intronisation de Tawadros II ce dimanche.


Hicham Qandil lors de la messe d'intronisation du nouveau pape.
 (Photo: Reuters)
Agé de 60 ans, il est désormais le 118e «pape d’Alexandrie, patriarche de toute l’Afrique et du siège de Saint-Marc». La cérémonie consacrant le nouveau patriarche des coptes orthodoxes d’Egypte, la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient, a été célébrée avec faste et solennité dans la Cathédrale de Saint-Marc au Caire.

Cette intronisation a pris place dans une société et un échiquier politique radicalement différents de ce qu’ils étaient sous les régimes précédents, y compris celui de Moubarak. L’Eglise et son patriarche recadrent aujourd’hui leur position et redéfinissent leur action. Depuis sa désignation, deux semaines avant sa consécration, Tawadros II a multiplié les déclarations sur les questions-clés concernant la place des coptes dans la société égyptienne.

Intraitable sur les questions liées à la citoyenneté et aux libertés religieuses, il se présente en revanche comme un patriarche mesuré sur le terrain politique, se démarquant de son prédécesseur en recommandant plutôt qu’en interdisant ou en excommuniant.
 
Rejet d’un Etat religieux
Sur l’actualité brûlante de la Constitution, Tawadros II a tout d’abord rappelé que la revendication principale des coptes était la construction d’une citoyenneté pleine et entière s’appliquant à l’ensemble des Egyptiens. Il a ainsi prévenu, dès le lendemain de sa désignation, qu’ «une Constitution qui suggère l’imposition d’un Etat religieux en Egypte était absolument rejetée», et a appelé les forces nationales à transcender leurs ambitions politiques pour rédiger une Constitution consensuelle.

Il ajoute qu’une Constitution qui négligerait une partie des citoyens égyptiens serait un frein au développement économique, culturel et social de l’Egypte. Naguib Gabriel, président de l’Union égyptienne des droits de l’homme, partage les craintes du pape Tawadros, notant : «Ce projet de Constitution ne tient compte ni du caractère civil de l’Etat, ni des droits de l’homme, ni des accords internationaux, et suscite des craintes non seulement pour les coptes mais aussi pour tous les Egyptiens».

Sur le rôle de l’Eglise, le pape a tenu à rappeler que, sous les régimes précédents, l’Eglise avait été acculée à jouer un rôle politique devenant le relais entre le pouvoir et cette communauté pour résoudre des problèmes qui relèvent normalement de la société civile, des instances de l’Etat et du droit. Tawadros rappelle que ce n’est ni le rôle normal de l’Eglise, ni de son pape, déclarant : «L’Eglise ne jouera pas de rôle politique. La religion et la politique ne font pas bon ménage. Il est temps que les coptes se placent sur la carte politique pour sauvegarder leurs droits».

Le pape répond ainsi à une revendication des jeunes activistes coptes, rejetant la tutelle politique de l’Eglise, comme le souligne Youssef Sidhom, rédacteur en chef du journal copte Watani : «L’Eglise est une instance religieuse à l’instar d’Al-Azhar. Elle ne représente pas les chrétiens qui, eux, doivent s’impliquer davantage dans la vie politique».
 
Pas de normalisation
Certains sujets déclencheraient inévitablement des polémiques féroces, ou pourraient alimenter tout type de rumeur pour stigmatiser les coptes. S’exprimant sur le pèlerinage à Jérusalem, le pape a donc déclaré qu’un «tel périple serait inapproprié. Après la guerre de 1973, un traité de paix a été conclu avec Israël, mais il n’y pas eu de normalisation entre les deux peuples, et si une minorité s’avise d’accomplir ce périple, certains pourraient le percevoir comme une trahison».

Il rappelle ainsi aux coptes que la terre même de l’Egypte est une terre sainte, qui a accueilli Jésus et qui comprend des sites à la spiritualité comparable à celle de Jérusalem.

Sur la question des lieux de culte, il déplore qu’au XXIe siècle, la restauration ou la construction d’une église déclenche des problèmes, soit sujette à caution et se perde dans les méandres des autorisations officielles et administratives. Il rappelle que c’est un problème qui doit trouver une solution et qui a été systématiquement ajourné durant les décennies passées, excepté «au début des années 1970, (où) le Parlement avait émis un rapport remarquable en dix points, mais qui malheureusement a fini dans les tiroirs».

Sur la question fondamentale des agressions proprement dites contre les coptes, bien qu’il ait affirmé ne pas craindre l’arrivée de courants islamistes sur la scène politique, il a insisté sur le fait que «l’organisation des relations entre toutes les tranches de la société est de la responsabilité de l’Etat», formant ainsi encore une fois le voeu que soit instauré un Etat de droit.
 
Dénoncer les injustices
Pourtant, les doléances du pape concernant la discrimination notamment risquent de rester lettre morte, puisqu’elles sont souvent rejetées par les islamistes. Hamdi Hassan, ancien porte-parole des Frères musulmans, dément ainsi toute injustice faite aux coptes, en arguant que «pour la première fois, les coptes pourront appliquer leur propre code du statut personnel dans la nouvelle Constitution, qui interdit également toute discrimination sur la base du genre ou de la religion». C’est, selon Hassan, un signe d’ouverture de la part de la majorité islamiste qu’il serait dangereux pour les coptes de rejeter.

Le président Mohamad Morsi, invité à la cérémonie, avait indiqué qu’il se ferait représenter, sans donner de raison précise. Sa possible présence avait été contestée par certains courants islamistes qui y voyaient une dérogation à la charia, tandis que les coptes auraient sans doute considéré la présence du président comme un geste rassurant.

Il n’y a pas encore eu à proprement parler d’événement-test permettant de savoir quelle forme prendront les rapports entre l’Eglise et le pouvoir islamiste, ou l’Eglise et les différentes forces politiques islamistes. Cependant, les différentes déclarations et réactions de part et d’autre laissent à penser que ce pape, qui souhaite que l’Eglise s’en tienne à son rôle spirituel, positionnera tout de même celle-ci en soutien des revendications citoyennes. par Mohamed Abdel-Hady Source

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