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Tuesday, September 4, 2012

Syrie, Les Chrétiens, une minorité prospère menacée par l'émigration


Damas, la capitale des Califes, la ville aux deux cents mosquées, est aussi, on l’oublie trop souvent, une des plus anciennes villes chrétiennes d’Orient... La grande mosquée des Omeyyades, au cœur de la vieille ville, a été bâtie à l’endroit où se dressait autrefois une église chrétienne dont il reste encore deux colonnes corinthiennes. Et la tradition veut que la tête de Saint Jean-Baptiste, vénéré par les Musulmans sous le nom du prophète Yahya, repose dans un reliquaire conservé au centre de la mosquée...
Deux autres sanctuaires rappellent la place capitale qu’occupe Damas dans la vie de Saint Paul: la chapelle de Hanani, l’un des premiers disciples du Christ, qui fit recouvrer la vue à Saül de Tarse... Et l’église de Bab Kassane, qui s’élève à l’endroit où Saint Paul s’échappa de Damas en franchissant les remparts dans un panier.
 
Une communauté de plus de 800.000 Chrétiens divisée en de nombreuses églises différentes
Aujourd’hui (1977), plus de 800.000 Chrétiens vivent en Syrie -- environ dix pour cent de la population -- dont 200.000 à Damas. Et de nombreux clochers se dressent à côté des minarets des mosquées, surtout dans la vieille ville, dans les quartiers de Bab Touma (porte Thomas), et Bab Sharky (porte de l’Orient) indiquent l’existence d’une importante communauté chrétienne, vivace et prospère, comme le montre l’inauguration en avril 1977 d’une nouvelle église, Notre Dame de Damas, dont la construction a été entièrement financée par les 1.300 familles grecques catholiques de la paroisse, qui ont réuni le million et demi de francs nécessaires (soit plus de mille francs par foyer).
Mais cette communauté n’est pas exempte de problèmes, rendus plus aigus par sa division en une demie douzaine d’églises ou de rite différents (grecs catholique et orthodoxe, syriens catholique et orthodoxe, chaldéen et latin, arméniens catholique et orthodoxe) dont les patriarches ne font pas toujours preuve de l’esprit de solidarité que l’on pourrait attendre d’eux.
Officiellement, rien ne menace la communauté chrétienne de Syrie: deux chrétiens sont membres du gouvernement, la femme du président Assad a fait ses études dans une école des sœurs maronites de Lattaquié, et les enfants du couple présidentiel suivent les cours de l’école des frères lazaristes.
Et le grand mufti de Damas, qui a fait un certain nombre de conférences aux Etats-Unis et en Angleterre sur le thème de la coopération entre l’Islam et le Christianisme, aime rappeler que les trois grandes religions monothéistes -- chrétienne, juive et musulmane -- sont les “trois branches de l’arbre d’Abraham”.
Mais en fait, tout n’est pas aussi idyllique, et les Chrétiens de Syrie sont soumis à des pressions, propres à la Syrie et générales dans tout le Moyen-Orient, qui rendent leur existence très précaire.
 
Le problème scolaire
Pour toute minorité, le droit d’avoir ses propres écoles est fondamental: aussi la communauté chrétienne de Syrie avait-elle durement ressenti l”étatisation”, en septembre 1967, des établissements d’enseignement privé, et notamment de plus d’une centaine d’écoles catholiques, qui furent fermées ou expropriées.
Après l’arrivée au pouvoir du général Assad en novembre 1970, la situation s’est progressivement améliorée, dit-on dans les milieux chrétiens de Damas, et depuis 1972-73 il est théoriquement possible de demander l’autorisation d’ouvrir de nouvelles écoles. Il y a aujourd’hui quatre écoles catholiques à Damas (une école tenue par les lazaristes et les sœurs de la charité, une autre par les sœurs de Besançon, et deux écoles arméniennes) et autant d’écoles orthodoxes: soit, au total, moins de 10.000 élèves (pas tous chrétiens) pour une communauté de 200.000 personnes.
Est-ce satisfaisant? Épineuse en France, la question scolaire l’est encore plus en Syrie, et manifestement les Patriarches ne disent pas le fond de leur pensée aux journalistes qui les interrogent, voulant ménager un Pouvoir qui a parfois eu un mot à dire dans leur nomination.
Dans les quelques écoles privées qui subsistent, l’enseignement se fait avec les livres du “programme unique”; mais comme le souligne un patriarche de Damas, “c’est le professeur qui compte, et un professeur musulman ou chrétien ne parlera pas de la même façon de Mahomet”.
En fait, les diverses composantes de la communauté chrétienne ne réagissent pas de la même façon: les Arméniens, qui ne sont ni Arabes, ni originaires de Syrie (ils viennent de Turquie, d’où ils ont émigré par vagues successives au cours des siècles) sont sans doute les plus inquiets.
À l’autre extrême, les Grecs orthodoxes affichent une satisfaction totale: “Il n’y a pas de problème scolaire, tranche Sa béatitude Elias IV, patriarche grec orthodoxe de Damas, nous avons accepté les directeurs nommés par l’Etat. Nous avons deux écoles à Damas, avec 2.500 élèves”.
Mais alors pourquoi les patriarches des autres églises se plaignent-ils?
“Ils sont fanatiques, intransigeants”, affirme le patriarche orthodoxe, “ils ont tout refusé, et ils ont tout perdu”. Alors Sa Béatitude est plus souple que les autres patriarches? “Non, répond péremptoirement Sa Béatitude, nous sommes plus intelligents”.
 
Les répercussions de la guerre du Liban
Les Chrétiens de Syrie comme les musulmans affirment qu’il n’y a pas de problème confessionnel entre les deux communautés; mais il est évident que les évènements du Liban ont de profondes répercussions en Syrie. On n’oublie pas à Damas, dans les foyers chrétiens, que les grands massacres qui ont fait en 1860 plusieurs milliers de victimes dans la communauté chrétienne avaient été la conséquence d’une guerre qui faisait rage... au Liban, entre Druzes et Maronites.
Et le fait qu’un certain nombre d’habitants de Hama, le bastion de l’intégrisme musulman, à 200 kms au nord de Damas, soient allés clandestinement au Liban pour “faire le carton” contre les phalangistes est révélateur. Comme le dit avec humour un patriarche, “certains musulmans avaient l’œil rouge”.
Mais le régime du général Assad est un régime fort, qui réagit énergiquement à la moindre étincelle de conflit confessionnel. C’est ainsi qu’un muezzin qui cherchait à exciter les fidèles de sa mosquée a été cassé... et condamné à une bastonnade.
En fait les relations entre les chrétiens et les musulmans de Syrie sont très particulières, et varient d’un endroit à l’autre, et d’un moment à l’autre. La situation des petites communautés chrétiennes est délicate -- les grecs catholiques de Deir Harasta, dans la banlieue de Damas, ne sont pas plus de 150, et ils ont construit leur petite église, qu’ils partagent avec les grecs orthodoxes, dans un milieu tellement hostile que l’église faillit être soufflée par une bombe avant d’être achevée. C’était, il est vrai, il y a 20 ans, quand le panarabisme était à son apogée sous Nasser.
Mais aujourd’hui encore les fidèles de cette petite communauté accueillent Mgr Nejmé, leur vicaire patriarcal, lors de ses trop rares visites, avec une ferveur qui en dit long sur leur isolement et leurs angoisses.
Par contre, Mgr Couza, le vicaire patriarcal de la communauté arménienne catholique de Syrie, roule dans une 504 Peugeot qui lui a été offerte par un musulman convaincu d’avoir échappé à la mort, dans un accident d’avion, grâce à l’intercession de Sainte Rita, à laquelle il a fait élever une statue dans la cour du patriarcat arménien.
Et à Saydnaya, couvent dépendant directement du patriarcat grec orthodoxe de Damas, il y a probablement plus de musulmans que de chrétiens qui viennent voir l’icône miraculeuse attribuée à Saint Luc. Sa Béatitude Mgr Elias IV confie qu’il accepte de baptiser de nombreux enfants musulmans, que leurs parents espèrent ainsi protéger, et que depuis toujours de riches musulmans confient leur fortune au patriarche avant de partir en voyage. Et le nombre de femmes musulmanes qui ne peuvent pas avoir d’enfants et qui viennent implorer la Vierge de Saydnaya ne se compte plus...
“Il y a ici une osmose entre chrétiens et musulmans”, confirme Mgr Nejmé, vicaire patriarcal grec catholique, “l’Islam de Damas n’est pas celui de Hama, ni celui de Riyad (la capitale de l’Arabie Saoudite)... Une initiative comme celle du président Sadate (condamnant à mort les musulmans coupables d’apostasie) est impensable en Syrie”.
Mais les patriarches ne cachent pas leur anxiété sur le sort de la communauté chrétienne de Syrie, et d’Orient. “Toute la région est en crise”, dit Mgr Nejmé, “un bouleversement total est possible... L’avenir ne dépend de personne. Nous sommes soumis au jeu des superpuissances”. Cette incertitude, et les difficultés matérielles croissantes de la vie quotidienne en Syrie, où l’inflation est galopante -- le prix d’un appartement a décuplé en sept ans -- contribuent à entretenir un double courant d’émigration, des campagnes vers les villes, et des villes vers l’étranger.
Les patriarches des diverses communautés chrétiennes de Syrie sont unanimes à condamner cette “tentation de l’émigration”. “Je combats beaucoup l’émigration”, affirme Mgr Nejmé, “il y a autre chose dans la vie que de gagner plus ou moins d’argent, avoir plus ou moins de tranquillité”... Et d’ajouter: “Le croyant est optimiste... La Chrétienté est là depuis 2.000 ans. Depuis toujours, l’Eglise est plongée dans des contradictions, des bourrasques, des remous. Une Eglise triomphante perdrait son sens. Le Chrétien est porteur d’un témoignage là où il est. Nous sommes une église arabe, incarnée dans le monde arabe”.
C’est cette arabité des Chrétiens d’Orient -- sauf pour les Arméniens -- qui amène les patriarches de Damas à s’insurger contre la “judaisation” des Lieux Saints de Palestine. “Si l’église de Palestine est vidée de son peuple”, déclare avec fougue Mgr Nejmé, “que deviennent les Lieux Saints? Des musées”? “Les Lieux Saints n’ont de sens que s’ils expriment la foi d’un peuple. L’église chrétienne locale est palestinienne: si le peuple palestinien est chassé de Jérusalem, Bethléem, etc, que reste-t-il? Quelques religieux franciscains gardant le Saint-Sépulcre! La hiérarchie latine de Jérusalem est un non-sens”. (La Vie, N° 1704, 27 Avril 1978) Source
 
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La solidarité plus forte que les haines religieuses
Nahrain et Tarik, couple syrien et chrétien, sont engagés auprès de réfugiés irakiens, musulmans et chrétiens sans distinction. Une étonnante manière de franchir une frontière de peur et de vieux préjugés, frontière renforcée par les nouvelles blessures de la guerre. La solidarité plus forte que les haines religieuses
Nahrain et Tarik travaillent depuis longtemps dans un centre de catéchèse. Mais la brutale arrivée de réfugiés dans leur pays les met en route vers autre chose. Aujourd'hui, ils accueillent des réfugiés irakiens dont beaucoup sont musulmans. « Une suite naturelle à leur engagement de chrétien, » témoigne le prêtre catholique qui les a rencontrés. « Ils ont réussi finalement à franchir la frontière qui séparait leur petit ghetto chrétien du grand monde musulman qui les menace toujours et pousse les Chrétiens vers les pays étrangers où ils peuvent mener une vie plus tranquille.
 
Accueillir les réfugiés irakiens, qu'ils soient chrétiens ou musulmans
Le secours aux gens en détresse est devenu une passion qui prend leur vie et la renouvelle. Parfois, autour d'eux, on s'étonne. Les gens disent qu'un tel dévouement n'est possible que parce qu'ils sont chrétiens. Mais Ils ne cherchent pas les applaudissements, ils ne se vantent pas de leur succès auprès de familles musulmanes. Ils préfèrent dire qu'ils ont trouvé parmi les réfugiés et parmi les gens qui travaillent avec eux des personnes magnifiques, généreuses... de vrais amis. Car l'amitié qui naît pour affronter un gouffre de souffrance humaine casse les différents tabous sociaux. Elle change les mentalités de castes et de ghettos qui conduisent à se considérer comme meilleurs, plus justes, plus purs, à réclamer un droit spécial pour sa propre communauté, des privilèges qui font de certains d'entre eux des hommes de seconde catégorie. Aider ceux qui en ont besoin, c'est une façon de construire une nouvelle humanité. »
 
ZOOM-2-AED-refugiés-chrétiensA cause de son travail, le couple apprécie aujourd'hui la paix sociale qui règne dans leur pays, le fait que leurs enfants puissent tranquillement fréquenter l'école et faire une sortie en famille sans craindre d'être agressés.
 
Disparaître ou subsister ? 
Mais ils ont aujourd'hui le souci de leur avenir et du sort des chrétiens dans la région. Vont-ils subsister ? ou disparaître, comme les chrétiens d'Afrique du Nord et de la Péninsule Arabe? ou comme les chrétiens de Turquie ?
Ils sont témoins de la précarité de la vie et c'est pourquoi ils disent qu'ils sont devenus plus souples avec leurs propres enfants : « Ils n'exigent plus avec une telle sévérité l'exécution des devoirs scolaires, m'ont-ils dit » poursuit le prêtre. « Ils trouvent que la vie doit être vécue dans l'instant et non dans un futur qui peut-être ne se réalisera jamais ». par Père Zygmunt, jésuite Source
 
 

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