Quel sort est réservé aux chrétiens du Pakistan ?
Le sort de Rimsha, jeune chrétienne d’Islamabad qui encourt la prison à vie pour blasphème, a mis en évidence le sort subi par certains chrétiens au Pakistan.
Pour David Griffiths, spécialiste du sud-est asiatique pour l’ONG de défense des droits religieux Christian Solidarity Worldwilde, la population de la République islamique du Pakistan est majoritairement hostile aux minorités, peu protégées par les autorités.
«Au Pakistan, les chrétiens ont coutume de dire qu’ils sont traités comme des citoyens de seconde zone».
L’histoire de Rimsha, jeune chrétienne de 11 ans accusée de blasphème, a attiré l’attention de la communauté internationale sur leur situation. Présumée coupable d’avoir brûlé des pages du Noorani Qaïda, un manuel d’introduction au Coran destiné aux enfants et sur lequel sont inscrits des versets coraniques, la petite, trisomique, risque la prison à vie.
Mais le cas de Rimsha est loin d’être isolé, ou de ne concerner que les chrétiens. Nombre de Pakistanais sont condamnés pour blasphème chaque année : or, dans la majorité des cas, il s’agit de musulmans. Mais il est vrai que, lorsqu’un chrétien est mis en cause, l’affaire prend une tout autre proportion.
Le climat devient plus violent, plus intimidant aussi. Les juges sont menacés, on leur donne des indications quant au verdict qu’ils doivent rendre. Aujourd’hui, les 800 chrétiens résidant à Mehrabad, le quartier d’Islamabad où a grandi Rimsha, craignent eux pour leurs jours, car les musulmans ne décolèrent pas. Mais il convient de redire qu’au Pakistan, tous les musulmans ne sont pas violents à l’égard des chrétiens.
Un extrémisme très marqué
Pour autant, il y a dans ce pays un extrémisme très marqué, c’est indéniable. Il est lié en partie à l’identité même du pays, qui a été établi, à sa création en 1947, comme un pays musulman. N’a-t-il pas pour nom officiel «République islamique du Pakistan» ?
La loi sur le blasphème a été instaurée en 1986, par Muhammad Zia-ul-Haq, qui fut président de 1978 à 1988. Mais sa volonté d’islamiser le pays s’est ressentie à d’autres niveaux. Dans les programmes scolaires notamment: ils sont, aujourd’hui encore, réellement hostiles aux minorités. Cela constitue un problème majeur : la génération actuelle a été élevée, éduquée, dans l’idée que les chrétiens – mais aussi les hindous – ne sont pas les égaux des musulmans.
«Outre l’abrogation de la loi contre le blasphème, il faudrait aussi réformer le système éducatif. Sans cela, la situation des minorités ira en s’aggravant. Le gouvernement a appelé la population à plus de discernement. C’est très bien, mais il faut davantage que des mots. Or je doute qu’il y ait une réelle volonté d’agir. Peut-être parce que les dirigeants ont peur. Ces dernières années, deux figures politiques qui appelaient à la paix religieuse ont été assassinées». par Anaïs Leleux Source
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