L’Eglise [catholique] s’alarme du sort des migrants africains dans le Sinaï
Les évêques du Proche-Orient appellent à la fin du trafic d’êtres humains dans le désert du Sinaï, en Égypte. Dans cette zone de non-droit, les réfugiés de la Corne de l’Afrique font l’objet de kidnappings et de tortures.
Un migrant africain soigné à Jaffa (Israël). Pour un grand nombre d’exilés de la Corne de l’Afrique, l’exode vers la Terre promise se transforme en enfer lorsqu’ils traversent le désert du Sinaï. |
Depuis que l’Union européenne a durci sa politique migratoire en 2006, des milliers d’Éthiopiens, Érythréens et Soudanais, fuyant les conflits ou la pauvreté de leur pays, tentent d’obtenir asile en Israël. Mais pour un grand nombre, cet exode vers la Terre promise se transforme en enfer : trompés par des passeurs véreux, ils sont kidnappés et vendus à des groupes armés basés dans le désert du Sinaï, en Égypte, devenu la plaque tournante de trafics en tout genre.
Entre 500 et 1 000 seraient détenus dans des camps et «en ce moment même torturés», alertent les évêques du Proche-Orient. Dans une déclaration du 9 août, qui reprend un premier appel datant de janvier, Mgr Fouad Twal, patriarche latin de Jérusalem, et une quinzaine d’autres évêques pressent les gouvernements égyptien et israélien de «tirer parti» de l’envoi de forces supplémentaires dans le Sinaï, après la récente attaque menée par des islamistes contre des gardes-frontières, pour «faire cesser ce trafic d’êtres humains».
Menaces de mort
Selon les témoignages recueillis par les associations de défense des droits de l’homme, les otages sont enchaînés les uns aux autres et séquestrés dans des souterrains ou des conteneurs. Matin et soir, leurs ravisseurs leur tendent des téléphones portables pour qu’ils appellent leurs proches et les supplient de leur envoyer une rançon – jusqu’à 50 000 €. Si la famille ne paie pas, ils menacent de les tuer. Pour faire pression, ils n’hésitent pas à les torturer : les victimes de ce trafic sont brûlées au fer rouge, électrocutées, violées systématiquement.
«J’ai rencontré en Israël d’anciens otages à qui on avait fait fondre du plastique sur la peau», raconte le P. Mussie Zerai, président de l’organisation humanitaire Habeshia. Ce prêtre érythréen basé en Suisse reçoit depuis deux ans les appels désespérés d’otages ou de leurs familles.
Certains ont des parents en Israël, en Europe ou aux États-Unis qui peuvent payer pour leur libération. Dans le cas contraire, leur calvaire peut durer des mois voire des années, quand ils ne sont pas tués pour le trafic d’organes.
Des passeurs érythréens et soudanais
«Nous avons récolté des témoignages en ce sens, confirme le P. Zerai. Après avoir vérifié qu’ils n’étaient pas dans les prisons égyptiennes ou israéliennes, nous avons calculé qu’au moins 4 000 migrants ont disparu dans le Sinaï.» L’association Habeshia mène des campagnes d’information en Éthiopie et en Érythrée, mais la situation s’est aggravée au Soudan où les trafiquants vont jusque dans les camps de réfugiés enlever leurs victimes.
Très organisés, ces groupes – une quinzaine – travaillent avec les Bédouins, des passeurs érythréens et soudanais, ainsi que des trafiquants d’armes ou de drogue de toutes nationalités. [musulmans généralement, c'est moi qui souligne, DL]
«Le gouvernement de Hosni Moubarak a nié pendant longtemps l’existence de ces camps et, ensuite, avec le chaos du printempsarabe, les trafiquants en ont profité pour mieux s’armer», déplore le P. Zerai qui frappe à toutes les portes pour faire entendre la voix des oubliés du Sinaï. «il y a eu les résolutions du parlement européen et du département d’État américain, et tant d’appels lancés par les associations et les responsables religieux, comme le pape en décembre 2010… Hélas, aucune solution réelle n’a été trouvée.» par Céline Hoyeau Source
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