Cette vidéo montre combien l'antisémitisme reste une réalité dans le monde arabe
Des personnalités du monde de l'art proférant des injures antisémites à la télévision : c'est le triste spectacle donné par une nouvelle émission de canular égyptienne. Parallèlement, le Département d'Etat américain publie un rapport qui pointe une montée généralisée de l'antisémitisme, en particulier dans le monde arabe.
C'est sur la Chaine d'Al Nahar TV que tout a commencé.
De récents échanges d'amabilités ont eu lieu entre le président israélien Shimon Peres et le nouveau président égyptien Mohamed Morsi (voir le vidéo en bas de page).
Au début du mois, le premier avait adressé à son homologue ses félicitations pour sa récente élection, ainsi que des vœux de bon ramadan aux Égyptiens. Il a également assuré Mohamed Morsi de la volonté d’Israël de maintenir des relations pacifiques.
En retour, Mohamed Morsi a offert ses «sincères remerciements» au président israélien pour ses vœux de bon ramadan, et a assuré à Israël que son pays souhaitait œuvrer pour la paix au Proche-Orient. C'est en tout cas ce qu'affirmait le bureau de Shimon Peres à Jérusalem, qui indiquait mardi que M. Morsi s'était engagé dans une lettre à M. Peres à déployer "le maximum d'efforts" pour relancer le processus de paix israélo-palestinien, au point mort : "J'ai hâte de déployer le maximum d'efforts pour remettre le processus de paix sur les rails afin d'établir la sécurité et la stabilité pour tous les peuples de la région, y compris le peuple israélien", aurait écrit M. Morsi dans sa missive.
Ces échanges véhiculent une image presque idyllique des relations entre Israël et ses voisins. Mais la réalité est loin d'être aussi simple : à peine la lettre de Mohamed Morsi avait-elle été rendue publique que son existence était presque aussitôt démentie par le porte-parole de la présidence égyptienne Yasser Ali.
La situation entre les deux pays semble s’être d’envenimée au lendemain de la chute d'Hosni Boumarak. Le 18 août 2011, un incident de frontière avait fait cinq morts dans la police égyptienne, tués par des tirs des forces israéliennes. Ces dernières étaient à recherche des auteurs de l'attentat d'Eilat, au cours duquel huit Israéliens avaient péri plus tôt dans la journée.
L’armée israélienne avait ensuite accusé un groupe palestinien d’être derrière ces attentats. Mais le mal était fait dans l'opinion égyptienne, et l'incident a provoqué de violentes manifestations anti-israéliennes, allant jusqu’à la mise à sac de l’ambassade israélienne du Caire. En avril dernier, le contrat gazier qui unissait les deux pays depuis 2005 a été rompu.
S'agit-il de simples tensions économiques, d'un conflit politique, ou d'une profonde animosité religieuse et ethnique ? Une organisation spécialisée dans la veille des médias, la MEMRI - l’Institut de recherche des médias au Moyen-Orient - a donné sa réponse, en publiant une vidéo rapidement devenue virale. Le montage montre plusieurs séquences d'une nouvelle émission de la télévision égyptienne. A vocation humoristique, elle se propose de piéger des artistes égyptiens en leur faisant croire qu’ils sont sur le plateau d’une chaîne israélienne. Mais plusieurs personnalités perdent leur sang-froid, profèrent des injures antisémites et agressent violemment les organisateurs, quand elles ne saccagent pas le plateau.
Ces images sont interprétées par certains comme un exemple tristement représentatif de l'antisémitisme ordinaire qui mine la société égyptienne. Un fléau qui serait même répandu dans tout le monde arabe, a en croire le Rapport Annuel de Département Américain sur les libertés religieuses, dont les résultats étaient rapportés dans le quotidien israélien Jerusalem Post.
Le rapport fait état d'une augmentation globale de l'antisémitisme. Il pointe en particulier l'Egypte, ou les caricatures et les propos antisémites "persistent au sein du gouvernement, de l'opposition, et des médias". Mais il vise également l'Iran, et note que le régime iranien autorise sur son territoire des sites web faisant la promotion du déni de la Shoah.
Autre entité pointée du doigt : l'autorité palestinienne. Le rapport évoque un Imam du Hamas qui appelle à la mort des juifs dans une mosquée de gaza. Il dénonce également un documentaire palestinien qui caractérise les rites juifs comme "caractéristiques du pêché et du vice".
Un autre Rapport du Département d'état américain concernant l'année 2009 dénonçait la situation au Liban. Le rapport remarquait que durant cette année, le Hezbollah a développe une rhétorique très forte contre Israël et la population juive, et il a coopéré à la publication et la distribution de littérature antisémite. De plus, Al- Manar TV, contrôlée et dirigée par le Hezbollah, a continué a diffuser des programmes antisémites qui ne se sont pas attirés les critiques du gouvernement. Le rapport ajoutait que " le 5 novembre, le gouvernement a censuré Le Journal d'Anne Franck d'un manuel utilisé au College International. L'acte faisait suite à une campagne du Hezbollah arguant que le livre faisait la promotion du sionisme. La chaîne Al-Manar a diffusé un rapport condamnant le livre parce qu'il se concentrerait de façon excessive sur la persécution des juifs ".
Pour réagir à la vidéo d'Al Nahar TV, Atlantico a interrogé William Goldnadel, avocat pénaliste et polémiste, connu pour ses engagements politiques pro-israéliens.
Atlantico : Une vidéo virale sur Internet montre plusieurs séquences tirées d’un nouveau programme à la télévision égyptienne. L’émission se propose de piéger des artistes égyptiens en leur faisant croire qu’ils sont sur le plateau d’une chaîne israélienne. Mais on voit plusieurs personnalités perdre leur sang-froid, proférer des injures antisémites et agresser violemment les organisateurs, voire saccager le plateau. L’émission est un canular, censé provoquer le rire. Pourtant, son principe même est de parier sur le racisme des invités. Quel est le sens d’une telle démarche ?
Gilles William Goldnadel : Il faut légender ce qu'on voit dans cette vidéo. Ce montage est l’œuvre d’une organisation nommée MEMRI, l’Institut de recherche des médias au Moyen-Orient. Cette organisation a pour fonction de faire une veille des médias au Moyen-Orient.
Elle a fait son travail : elle a regardé la télévision égyptienne, et elle a pointé ces séquences du doigt.
Mais les égyptiens ne voient pas cela comme du racisme, tant ce type de réactions est monnaie courante. Pour eux, il s’agit plutôt de patriotisme pro-égyptien, d’ailleurs la présentatrice le dit à un moment dans la vidéo.
Comment interpréter cette vidéo : s’agit-il de cas isolés ou est-elle représentative de la société égyptienne ?
Je ne suis pas étonné du tout. Ces séquences me semblent très représentatives de l’état d’esprit antisémite qui règne dans la société égyptienne. La paix froide entre l’Egypte et Israël a toujours fonctionné comme ça. Depuis longtemps, la presse du Caire est pleine de caricatures antisémites. Pourtant, en théorie, le traité de paix proscrit tout cela.
Il y a peu, un acteur égyptien a été stigmatisé parce qu’il avait tourné aux côtés d’une israélienne. Khaled Nabawy a été accusé de "normalisation avec Israël" à cause de sa participation dans le film américain « Fair game », aux côtés de l’israélienne Liraz Charhi. Une enquête officielle avait été ouverte à son sujet à la demande du doyen des artistes égyptiens, Achraf Zaki. Il avait aussi été critiqué par des intellectuels égyptiens qui lui reprochaient d’avoir été photographié embrassant Charhi sur le tapis rouge pendant le Festival de Cannes.
On dit souvent que les révoltes dans le monde arabe ont réveillé les tensions avec Israël. Assiste-t-on à un regain d’animosité depuis la chute de Hosni Moubarak ?
Ils se «lâchent» peut-être davantage, car les Frères musulmans tiennent maintenant le haut du pavé. Mais la situation n’a pas fondamentalement changé. L’antisémitisme mine la société égyptienne depuis longtemps. Une telle émission aurait très bien pu être tournée à l’époque de Moubarak, et même avant. N’oublions pas que Moubarak a remplacé Anouar el-Sadat, qui a été assassiné pour avoir signé le traité de paix.
Bien sûr, les responsables politiques tentent de préserver une entente de façade. Tout récemment, le au président égyptien nouvellement élu Mohamed Morsi a offert ses « sincères remerciements » au président israélien pour ses vœux de bon ramadan, et a assuré à Israël que son pays souhaitait œuvrer pour la paix au Proche-Orient. Au début du mois, Peres avait écrit une lettre de félicitations à Morsi et lui a assuré de la volonté d’Israël de maintenir des relations pacifiques. Le président avait également envoyé des souhaits au début de la fête du Ramadan. Mais ce n’est qu’une façade, derrière laquelle la société égyptienne reste très anti-israélienne.
Qu’en est-il dans le reste de la région ?
L’Egypte n’est pas isolée. L’antisémitisme est répandu dans tout le Moyen-Orient. Les incidents se multiplient en ce moment, et on assiste en ce moment à une aggravation du climat antisémite en Tunisie et en Libye. FIN.
Suite aux tueries de Toulouse et Montauban, un éditorial du monde avait à juste titre remarqué que l’affaire Merah est représentative d’un état d’esprit qui règne dans tout le monde arabe, et d’une obsession pour la question juive et pour une prétendue conspiration sioniste inspirée des Protocoles des Sages de Sion. par Julie Mangematin. Source
http://www.atlantico.fr/decryptage/monde-arabe-est-antisemite-437831.html
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