L'Europe décline à cause de la culpabilité permanente de ses élites, biberonnées aux valeurs de mai 68. Honteuse de son passé colonial, de ses deux totalitarismes nés sur son continent et de son abondance de biens de consommation, l'Europe peine à imposer ses vues face aux pays émergents.
Le cas de l'appel d'offre pour un centre d'appel du Stif, qui faillit être confié à une société non européenne par souci de suivre les règles de la CEE, montre à quel point la plongée de l’Europe et le recul probable de son niveau de vie ne découlent pas de ses peuples mais bien de l’esprit de résignation de ses élites.
Celles-ci semblent inhibées de toutes actions fortes et déterminées pour défendre les intérêts de leurs populations. Ainsi se refuse-t-on, par exemple, la construction de leaders européens pour contrer les conglomérats chinois ou américains (règle antitrust intra-Cee), la préférence communautaire (à la manière des USA ou de la Chine) ou encore une taxe à l’entrée pour compenser la différence des salaires avec les pays «émergents» n’appliquant aucun droit social.
Les USA, la Chine et le Brésil se battent, édictent des règles pour se protéger, quand, seule, dans une posture idéologique probablement téléguidée par quelques lobbies, l’Europe devient année après année le dindon de la farce libérale. Quiconque a travaillé avec des Chinois ou en Chine sait que ce pays ne joue pas le jeu... ou plutôt le joue à son avantage.
Vers la fin de toutes choses et de tous êtres... |
La question qui se pose est alors la suivante : pourquoi, depuis tant d’années nos élites abdiquent-elles et refusent-elles le combat ?
Une des explications pourrait bien venir de ce que la plupart de ceux qui tiennent les manettes à ce jour sont issues des années 1970.
Ces élites portent en elles un terrible sentiment de culpabilité : honte d’une puissance occidentale gavée de biens de consommation, honte d’une influence utilisée souvent par le passé à mauvais escient, coupables d’être «riches», d’avoir colonisé, d‘avoir laissé en son sein naître et grandir les deux monstres rouge et noir du XXème siècle.
La misère à venir serait donc notre rédemption pour avoir accepté des siècles durant de dominer le monde et de l’asservir. Il faut dire qu’on nous a bien répété en cours d’histoire combien l’Occidental a été un sacré salaud et est désormais «coupable de tout pour tous», comme l’écrirait Dostoïevski.
Voilà pourquoi nos élites refuseraient le combat contre les autres blocs, acceptant que notre territoire devienne un vaste hypermarché rempli de chômeurs et d’assistés grâce à un argent emprunté à ceux même qui nous pillent nos industries. C’est donc là une coupable incapacité à dire «non». Le recul de la laïcité illustre bien cette esprit de démission, ou plus politiquement correct «d’apaisement». L'envahissement des écrans par la culture de la violence venue d'outre atlantique en est un autre symptôme tandis que la création européenne (cinéma, théatre, littérature..) mériterait qu'on se batte davantage pour qu'elle puisse lutter à armes égales.
Et cela se retrouve aussi dans la vie civile : les élites accusent d’homicide involontaire un bijoutier se défendant quand il est agressé et tolère qu’un jeune homme ayant 22 condamnations puisse être laissé en liberté jusqu’au jour où il tue un enfant de 6 ans et sa mère. Là aussi, il y a les effets d’une curieuse culpabilité qui engendre une tolérance infinie des juges et des sphères influentes envers les délinquants et les criminels- phénomène unique au monde-, une sorte de honte à enfermer par honte d’être soi même privilégié.
Pétri d’une pensée unique, ses élites et leurs médias demandent donc au peuple de se laisser agresser dans la joie de la mixité sociale, de se laisser piller leur niveau de vie, leurs emplois, leurs dignités et elles finissent même par les culpabiliser de songer à se défendre, à vouloir «réagir» (car parfois le peuple devient réactionnaire, vous rendez vous compte…). Et en même temps, elles l’endorment à coup de réformes démagogiques plutôt que de lui dire une vérité qui pourrait donner naissance à une révolte saine basée sur l’ambition de refaire de l’Europe un bassin de prospérité en se retroussant sérieusement les manches.
Et oui, quand les autres blocs se battent, jouent du protectionnisme ou du libéralisme selon leurs intérêts, nos élites nous font donc expier leur culpabilité d’avoir été les enfants gâtés des Trente glorieuses. Elles fuient la guerre économique, renâclent à aller sur le front tout en mettant des boulets au pieds des entrepreneurs qui partent se faire massacrer par un ennemi plus agile, plus léger, et soutenu par ses bases arrières. Leurs seuls combats sont ceux de l’expiation, de l’auto flagellation, ou du bouc émissaire (le riche, l’émigré, …)
Comment en sortir ? Peut-être peut-on espérer que les nouvelles générations sauront se rebeller et dire stop. Internet, les réseaux sociaux sont sans doute les moyens qui permettent de contourner les discours convenus et le terrorisme intellectuel qui impose que certains sujets ne soient pas débattus ou certaines solutions évacuées d’un revers de main idéologique alimentant par là les extrêmes de tout poil.
Espérons donc passer d’une élite technocratique, dogmatique et lâche, à une élite déterminée, pragmatique, usant de tous les moyens pour défendre les intérêts d’une Europe combattante et résolue à ne plus être une victime.
En somme, les enfants de la crise doivent arracher les manettes aux enfants de mai 68... par Jean-Sébastien Hongre Source
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