Vers un début de problématisation : L’identité de l’Etat peut-elle être liée à celle de la religion ?
Ces dernières années, nos dirigeants ont opté pour l’émergence d’un nouveau modèle de gouvernance avec, comme apports, la tolérance, l’esprit de critique et d’ouverture aux pouvoir. Malheureusement, ce n’est pas sans inconvénient. Notre démocratie est menacée par la montée du fanatisme islamiste et de l’implication des musulmans dans la gérance de l’Etat.
Dans le cas du Code des personnes et de la famille, nos politiques ont eu peur et ont reculé devant les menaces des religieux. Ce qu’ils ne devraient pas faire car en cédant à leurs pressions, les minorités (chrétiennes et protestantes) pourraient faire l’objet de discrimination, voire d’exclusion de la part de l’Etat, et cela, en violation de la Constitution qui stipule que le gouvernement malien est «un gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple». Le peuple malien est un composé de tous ses enfants, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou protestants. En conséquence, nous sommes bien en présence d’une République laïque qui repose sur l’ancrage constitutionnel dont les principes de la laïcité sont la liberté religieuse, la liberté de culte et la neutralité de l’Etat en matière de spiritualité. L’association du politique et du religieux provoquera tôt ou tard un conflit d’intérêts. C’est en tout cas à un jeu dangereux que jouent nos dirigeants en voulant lier l’identité étatique à l’identité religieuse.
L’Islam revendique une vertu et une éthique ayant pour référence la culture arabo-musulmane. Mais quelle culture arabe puisque depuis très longtemps, nous, les Maliens, avons nos cultures, nos traditions? Comment peut-on vouloir créer un modèle de société libre qui se fonde sur l’opposition des communautés et qui se construit à l’encontre de nos propres valeurs par rapport à l’autre et non par rapport à ses propres désirs ? Comment pourrait-on s’épanouir, rassembler et éprouver avoir de la fierté pour ce qu’on est quand la seule force qui nous anime est de créer «contre» plutôt que «pour» ? Dans une volonté de poursuivre, pour notre pays, un système de société démocratique, plus juste et plus équitable, nos gouvernants doivent faire attention à ne pas tomber dans le piège des religieux et ne pas céder aux tentatives d’intimidation qui se passent actuellement dans notre pays. Ainsi, notre culture ne sera pas arabo-musulmane, mais malienne-musulmane, malienne-chrétienne, malienne-protestante ou malienne tout court, celle que nous avons héritée de nos aînés, tout en vivant dans le respect des valeurs de toutes les religions.
L’islamisation du Nord en est la preuve vivante : on tue, on condamne à mort des amoureux, on terrorise les populations du Nord. Mais au nom de quoi ? La vraie religion, celle de notre Seigneur, est amour et non haine. Les islamistes, au contraire, terrorisent, déchaînent la violence et veulent étouffer la liberté de connaître et de penser. Prenons le cas du Sud : il y a des signes qui ne trompent pas. Au nom de quoi Mahmoud Dicko fait ses diktats dans la gestion du gouvernement ? Le fait d’exiger la démission du Directeur de l’ORTM, surtout venant d’un religieux, ne rime-t-il pas à «jeter un pavé dans la marre»? Ce n’est pas la première fois que l’apparition de la lune divise les musulmans au Mali. Souvenons-nous de la fête de l’Aïd El-Fitr en 2010 qui s’est passée d’une manière démesurée. En effet, une partie des fidèles ont fêté le jeudi 9 septembre 2010 alors que d’autres ont choisi le lendemain, c’est-à-dire le vendredi, pour le faire. On avait même assisté à une descente musclée des forces de l’ordre ce vendredi 10 septembre dans une mosquée de N’Golonina, (un quartier de Bamako) pour empêcher les fidèles de prier. Du coup, tout le quartier avait été privé de la fête.
A cet effet, le 13 septembre de la même année, dans une interview dans le journal «L’Indépendant», Mahmoud Dicko enjoignait «d’être tolérants envers nous-mêmes», que «l’essentiel est que tout se soit bien passé» et «qu’en tout cas, ce qui s’est passé ne se reproduira plus». Or en 2010, Baba Daga n’était pas à l’ORTM. Mais la même confusion persiste toujours pendant les fêtes de Ramadan. Mais Bon Dieu, où est était alors passé cet homme qui se dit «humble»? Où est-ce une humilité de façade ? Peut-être qu’il en veut un peu au «verre de bière» du nouveau Directeur de l’ORTM, ce qui n’est pas surprenant puisque l’ancien Directeur , Monsieur Sissoko, est parti lui aussi en voulant bien faire son travail. Cheick Modibo Diarra s’est ainsi vu atteint dans son égo. A ce rythme, avant la fin de la transition, combien de Directeurs passeront par l’ORTM ? Tout est dans la maturité. On peut tout dire de ce maudit coup d’Etat, mais il nous a au moins montré la face cachée de plusieurs personnalités. Lors de l’agression contre Dioncounda, en tant que bon musulman, Mahmoud Dicko ne devrait-il pas remplir le stade du 26 Mars pour un prêche en dénonçant l’acte et en priant pour que notre Président se rétablisse, au lieu de montrer sa préférence pour le Premier ministre ? Mais il n’avait rien fait de tel, comme si la peur des militaires et son ambition pour le fauteuil présidentiel étaient au-dessus de tout.
Nous voilà maintenant avec un ministère des Affaires religieuses et du Culte. Pourtant l’Archevêque de Bamako, Monseigneur Jean Zerbo, cela est autant légitime que le Président du HCI. Depuis le mois d’avril, il œuvre avec discrétion pour la paix au Mali. Pourtant, au Nord, les chrétiens sont persécutés par les islamistes. Que deviendront donc ces ethnies évangélisées du Nord du Mali ? De cela, l’Etat n’en pipe pas mot. De source proche du Capitaine Sanogo, aux premiers jours du coup d’Etat, les religieux ont rendu visite audit Capitaine, et d’autres ont même fait des éloges à nos soldats. Mais Monseigneur est l’un des rares religieux à refuser subtilement l’argent que ce dernier voulait lui remettre pour des bénédictions. Pour toute réponse, Il a dit que sa préoccupation, c’est le retour à la paix au Mali et qu’il priera pour le pays. Le président du Haut Conseil islamique (HCI) pouvait continuer sa mission pour la paix au nom d’Allah, sans se mêler de la gestion de notre gouvernement. Voilà comment les intentions se dévoilent, chemin faisant…La question qui se pose enfin, c’est de savoir : quelles sont les véritables intentions du président du Haut conseil islamique ? Quoi qu’il en soit, Allah n’aime pas les dissimulés ! par Bathily Sadio Source
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