Un peuple qui passe son temps à prier, à implorer Allah et à égrener des chapelets mais qui ne souhaite que malheur à son voisin, fait passer les coutumes et les traditions avant la religion en mettant par exemple le problème des castes au dessus des préceptes religieux, qui place ses marabouts au dessus du Prophète, qui voit plusieurs lunes au début et la fin du mois béni du Ramadan-là où les peuples musulmans du monde entier n’en voient qu’une seule-, qui se croit le plus intelligent du monde contre toute évidence, qui prétend disposer des meilleurs footballeurs d’Afrique alors qu’il n’a jamais réussi à gagner ne serait-ce qu’une Coupe des clubs champions…
Allez donc trouver un président de la République qui puisse gouverner ce peuple-là et qui réussisse la prouesse de trouver grâce à ses yeux ! Ce peuple versatile, nul sans doute mieux que l’ancien champion de lutte et poète à ses heures, Mame Gorgui Ndiaye alias «l’enfant chéri de Dakar» ne l’avait compris. Pendant tout le temps qu’il gagnait et faisait mordre la poussière à ses adversaires, il était porté aux nues, vénéré, défié même. Et le jour même où il avait perdu un combat décisif, ce même peuple de Dakar s’était mis à le vouer aux gémonies.
Profondément touché par ces attaques, il avait eu alors ces mots célèbres : «Wa Dakar, bou gnou la xotilé toubèye nguemb ya ngi lay xaar» (Quand les gens de Dakar t’offrent un pantalon, ils gardent à côté un pagne de rechange qu’ils te donneront à porter le jour où ils reprendront leur cadeau). La poésie en moins, c’est à peu près ce que signifie cette belle expression de l’alors champion de Fass.
Tout cela pour dire quoi ? Que pour faire le bonheur des sénégalais, encore faudrait-il qu’eux même sachent ! Encore un fois, ce qu’ils souhaitent voir réaliser aujourd’hui, il n’est pas sûr que ce soit cela qu’ils revendiquent hier encore. Sans compter que demain, ils pourraient bien avoir envie de d’autre chose. Si bien que, pour les gouverner, il faut sans cesse avoir la morale de la magnifique fable de la Fontaine intitulée «Le vieillard, son fils et l’âne».
Une fable interprétée par Youssou Ndour, l’actuel ministre du tourisme et de la culture dans la chanson «Gorgui Neena». En gros cette fable, elle raconte l’histoire d’un vieillard qui voyageait en compagnie de son fils, les deux disposant d’un âne comme moyen de transport. Le jeune homme monte- t-il sur l’âne tandis que son père marche à côté de celui-ci ? Des gens devant les quels ils passent s’écrient «Mais que ce jeune homme est impoli ! il n’a même pas pitié de son vieux père qui marche ainsi sous le soleil. C’est une honte !»
Ayant entendu ce commentaire, le fils descend et cède la place à son père. Les gens : «Regardez ce vieillard prêt de la tombe qui se paie du bon temps alors que son fils souffre ainsi. Ces vieux tous pareils, ils ne pensent qu’à eux même !» Le fils et son père décident alors de monter tous deux sur l’âne. Les gens : «Mais ils veulent tuer ce baudet ! Vous vous rendez compte ! Surchargez ainsi cette pauvre bête !» Ce qu’ayant entendu, notre vieillard et son fils décident alors de marcher tout en tirant l’âne par les rênes. Commentaires des gens : «en voilà donc des idiots ! marcher ainsi sous le soleil alors qu’on dispose d’un âne qui est fait pour le transport. A n’en pas douter, ces gens ne doivent pas être sain d’esprit».
Morale de la fable : quoi que vous fassiez, les gens surtout les sénégalais – trouveront toujours à y redire. Faites donc ce que vous dicte votre conscience.
Ce bon conseil, il faudrait assurément le donner à l’encore nouveau Président de la République, M. Macky Sall, qui n’a pas encore fait 75 jours au pouvoir et qui doit déjà essuyer des critiques venant de toutes parts mais, principalement, des libéraux qu’il défaits le 25 mars dernier. Et qui, depuis ont investi les radios, les journaux et la télévision Walf Fm du mollah Sidy Lamine Niasse pour tirer à boulets rouges sur lui. Et ce alors qu’il n’a même pas encore fini de s’installer au Palais, que la réfection de ses bureaux et de se résidence de fonction n’est même pas encore terminée, que des véhicules qu’il a commandés pour remplacer ceux emporter par Wade et compagnie n’ont pas encore été livrés et qu’il ne dispose même pas encore d’une majorité au Parlement pour faire voter les réformes qu’il a promises au bon peuple lors de la campagne électorale.
En fait, sans même lui accorder un état de grâce, ces libéraux défaits et la partie la plus versatile de l’opinion ouvrent déjà le feu sur le Président Macky Sall. Ce dernier tient –il la promesse de limiter à 25 le nombre de ministres du gouvernement avant de nommer son équipe de conseillers (qui n’a rien à voir avec le gouvernement) dont la plupart sont gratifiés du titre de ministres ? On crie à l’arnaque et on dénonce une pléthore ministérielle alors que par rapport à l’équipe de Wade, M. Macky Sall est encore très en retrait s’agissant du nombre de ministres et des ministres d’Etat !
Le nouveau Président envisage-t-il de prêter l’avion présidentiel afin qu’il transporte Wade et ses proches à la Mecque, puis au Golfe, au Maroc et en France ? On s’écrie : «halte au gaspillage ! Qui va payer tout ça ? Le déplacement de l’avion présidentiel c’est beaucoup de frais, on n’est pas d’accord que le Président dépense tout ça pour son prédécesseur !» Le même Wade reste-il au Sénégal pour manigancer ouvertement contre le nouveau Président, se permettant même une sortie publique contre les nouvelles autorités ? Une partie du peuple s’écrie : «mais que faut-il encore ici ? Qu’attend le Président pour le mettre dans un avion et l’expédier ailleurs ?»
Le nouveau Président baisse-t-il les prix des principales denrées de consommation courante tandis que les commerçants – qui étaient pourtant partie prenante de cette baisse – refusent de l’appliquer ? Les Sénégalais : «Mais ces gens sont incompétents, on ne constate aucune baisser au marché ou dans la boutique du coin. Finalement, Wade avait raison de dire qu’on ne pouvait pas baisser les prix de ces denrées !» Et qu’importe si ce sot les commerçants qui refusent de jouer le jeu. Des commerçants qui, après avoir spéculé à longueur de journée et mangé du «ribaa», iront tranquillement le soir se prosterner à la mosquée de leur quartier…
Dans un méritoire souci de se rapprocher de ses administrés, de tâter le pouls de leurs problèmes, de s’entretenir avec les acteurs économiques et les élus locaux de leurs préoccupations, le président de la République décide-t-il de décentraliser le Conseil des ministres dans les régions ? On l’accuse non seulement de démagogie, mais aussi de gaspiller l’argent du contribuable en ces temps de rigueur. Mieux, on soutient qu’il a fait trois fois le tour du pays ces dernières années et que, donc, il doit forcément connaître les problèmes de toutes les localités !
Et qu’importent si, justement, les hôtels des localités accueillant ces Conseil des ministres tournants vont au contraire pleinement profiter du séjour de tous ces ministres, de leurs collaborateurs, des directeurs généraux de sociétés nationales, des journalistes etc. ! Sans compter que pour une fois le gouvernement au complet quitte Dakar pour enfin se mettre à l’écoute des Sénégalais de l’intérieur du pays.
Le Président choisit-il Saint-Louis pour abriter ce premier Conseil des ministres décentralisé ? On lui dit : mais c’est en Casamance, on aurait dit : mais c’est ou une guérilla fait rage depuis 30 ans qu’il aurait fallu commencer ! S’il avait commencé par la Casamance, on aurait dit mais c’est une prime qu’il accorde à la violence ! Ces gens là ont pris les armes contre la République et rien n’est trop beau pour eux. Il commence par le Nord du pays ? On lui dit que c’est plutôt par le Sud qu’il fallait débuter. Il débute par le Sud ? On lui rétorque : et le nord alors ? Ainsi de suite.
Le Président supprime t-il 59 agences et directions nationales ? On estime que c’est insuffisant ! Par souci de transparence, publie-t-il sa déclaration de patrimoine comme il s’y était engagé en listant les biens dont il dispose ? Il est poursuivi par la clameur publique qui le traite de «voleur !» avant de lui demander de se justifier sur l’origine des fonds lui ayant permis d’acquérir tout ce patrimoine ! Et naturellement, s’il n’avait pas voulu faire de déclaration de patrimoine, on l’aurait soupçonné de cachotterie, d’avoir des choses pas très catholiques à dissimiler et donc d’être, forcément, un voleur.
Entreprend-t-il de faire l’état des comptes de la Nation, de faire le point sur la situation dont il a héritée en procédant par des audits, essaie-t-il de récupérer les biens mal acquis par les dignitaires de l’ancien régime ? On l’accuse de faire du harcèlement, de se livrer à une chasse aux sorcières, de régler des comptes politiques ! Et pourtant, ces audits, c’était une exigence très forte des Sénégalais durant la campagne électorale. Une exigence à laquelle nos compatriotes tiennent jusqu’à présent, malgré les nombreux contre-feux allumés par les dignitaires de l’ancien régime. Lesquels se comportent à la manière des voleurs qui crient «au voleur !» pour détourner l’attention d’eux-mêmes. Et ce alors qu’ils doivent absolument rendre compte de leur gestion au peuple sénégalais. Lequel y tient par-dessus tout, quoi qu’ils fassent.
Cette exigence de rendre compte, même l’Eglise, par la voix de son chef suprême local, y a souscrit. Et la Banque mondiale elle-même se dit prête à traquer les biens mal acquis des dignitaires de l’ancien régime si on la sollicite. Ce n’est pas tout puisque les nouvelles autorités seraient en négociations avec un cabinet américano-israélien spécialisé dans la recherche de fonds dissimulés. C’est donc dire que les libéraux déchus ont tort de plastronner et que rira bien qui rira le dernier. Une chose est sûre : ils ne perdent rien pour attendre.
Cela dit, c’est vrai que nul ne s’y retrouve dans ce ballet de libéraux déchus qui défilent dans les locaux de la section de Recherches de la gendarmerie nationale ou dans ceux de la Division des Investigations criminelles (DIC) et qui en sortent en narguant pratiquement la justice, s’ils n e défient pas – ou ne menacent pas – ouvertement le nouveau pouvoir. L’affaire a pris une tournure telle que le peuple sénégalais – du moins la majorité silencieuse par la minorité hurlante dans les radios- se demande si on ne se paye pas sa tête quelque part. Car enfin, qu’attend-t-on pour mettre ces voleurs qui narguent le peuple en prison ? Ou bien attend-t-on que les Sénégalais eux-mêmes se soulèvent pour régler leurs comptes à ces pilleurs des biens de la Nation ? Des pilleurs qui, non contents d’avoir volé les deniers de cette même Nation, lui tirent la langue en plus ?
Les Sénégalais commencent aussi à s’interroger sur l’attitude de nos magistrats. Sont-ils eux-mêmes décidés à châtier sévèrement les voleurs de l’ancien régime ou bien tant de choses les lient-ils à ces derniers au point qu’ils n’osent rien entreprendre contre eux ? Car enfin, au lendemain de la chute des socialistes en 2000, les choses n’avaient pas traîné et rapidement, des directeurs généraux de sociétés s’étaient retrouvés au gnouf ! Or, cette fois-ci, on a l’impression que la justice est bien trop obséquieuse et bien trop gentille avec les voleurs du régime libéral.
Toute la question est de savoir pourquoi… par Mamadou Omar NDIAYE | LE TEMOIN Source
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