La violence s’installe en Tunisie
Tunis, ville résolument ouverte à la modernité et volontiers fêtarde, est à l’épreuve de l’islamisme depuis le mois de mars. Même si ses habitants continuent à vivre comme ils l’ont toujours fait, sans montrer une quelconque disposition à changer leurs habitudes alimentaires ou vestimentaires, ceux-ci avouent qu’ils sont quelque peu angoissés par les évènements qui ont cours dans l’arrière-pays.
Tunis, ville résolument ouverte à la modernité et volontiers fêtarde, est à l’épreuve de l’islamisme depuis le mois de mars. Même si ses habitants continuent à vivre comme ils l’ont toujours fait, sans montrer une quelconque disposition à changer leurs habitudes alimentaires ou vestimentaires, ceux-ci avouent qu’ils sont quelque peu angoissés par les évènements qui ont cours dans l’arrière-pays.
Les récentes attaques salafistes dans le gouvernorat de Sidi-Bouzid et à Jendouba, où des bars et des dépôts de boissons alcoolisées ont été fermés sous la pression de groupuscules portant barbe et qamis, selon la presse tunisienne, y sont pour quelque chose. Des actes de violence ciblés et qui n’ont pas donné lieu à des réactions policières conséquentes, comme le dénoncent à l’unisson les représentants de la société civile et les partis politiques, toutes tendances confondues, exception faite d’Ennahda, la formation majoritaire, qui tente de les minimiser, au contraire.
Le Premier ministre, Hamadi Jebali, et le ministre de l’Intérieur, Ali Laârayed, qui passaient pour “des hommes du changement” au lendemain de la révolution du Jasmin, font aujourd’hui l’objet de critiques acerbes de la part de pratiquement toutes les personnes rencontrées, du simple citoyen aux leaders politiques. Ils sont ouvertement accusés de complaisance et de laxisme coupables envers les salafistes et beaucoup de voix s’élèvent dans la capitale pour demander leur départ.
Les deux hommes ont beau assurer qu’“Ennahdha n’allait pas s’allier avec ceux qui traitent les gens de mécréants” qui “veulent imposer leur mode de vie, leur modèle de société et qui ne respectent pas la loi”, en rappelant que les forces de l’ordre ont latitude d’utiliser des balles réelles contre ceux qui s’en prenaient notamment aux commissariats de police.
Dans la réalité, il en est autrement, assurent les Tunisois, pour lesquels “c’est la conjoncture politique qui dicte la position de ces deux dirigeants”. Il en est plus avertis qui rappellent que le Premier ministre, surtout, n’avait jamais, jusque-là, soutenu ceux d’entre les ministres qui dénonçaient les agissements des salafistes. Nos interlocuteurs s’estiment en droit de s’interroger si le climat d’insécurité peut ainsi être la ligne sur laquelle joue, sans avoir l’air d’y toucher, Ennahdha afin de se maintenir au pouvoir.
L’agrément, en mars dernier, du parti de Mohammed Khoja, le Front de la réforme, est venu ajouter de l’eau au moulin des mécontents. L’entrée en lice de cette formation islamiste, qui se revendique du courant salafiste inquiète les Tunisiens, car elle vient gonfler, à leurs dires, les rangs des islamistes radicaux. Ceci malgré l’engagement officiel de ses dirigeants de s’inscrire dans le jeu démocratique et d’en respecter scrupuleusement les règles, en consacrant les lois de la République. Un serment que viennent rompre par leurs déclarations publiques des proches de Mohammed Khoja. Ces derniers affirment qu’ils acceptent la démocratie tant qu’elle est limitée par la charia et qu’ils ne s’opposent nullement au retour à la polygamie si ce statut peut moraliser la société, en bannissant les relations extraconjugales que pourrait entretenir le Tunisien. Pour les observateurs de la scène politique, il ne s’agit pas, ici, de simples nuances de langage, mais bien de l’ébauche d’un projet de société. Et c’est là que le bât blesse. par ALLIA Ahmed Source
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