Quand la spiritualité se met au service de la sexualité
Certaines pratiques religieuses sont pour le moins contraignantes envers la sexualité féminine. D'après une étude fraîchement publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences, cela aurait pour simple origine la peur ancestrale de l'homme (sans majuscule) de ne pas être le (vrai) père des enfants de sa compagne... L'étude a analysé les données génétiques de paires de pères-fils au sein d'une population africaine nommée les Dogons (au Mali). Ce peuple des Dogons sont pratiquants de trois religions : Islam, christianisme et un autre culte monothéiste qui était là avant que les autres pointent leur nez. [le spiritisme]
Les chercheurs ont trouvé (génétique oblige...) que le code du culte indigène permet d'atteindre un niveau plus faible de tromperie (féminine dans ce cas évidemment) : cinq fois moins que dans la communauté chrétienne ! (rien de significatif par rapport aux musulmans) Comment ? Dans la religion traditionnelle de ce peuple (et de bien d'autres), il existe de forts tabous autour de la menstruation. Ainsi, les femmes doivent s'exiler durant cinq nuits dans des huttes dédiées (l'article rajoute : «inconfortables», ce qui pourrait dénoter une possible culpabilisation). Des tests d'urine ont montré que les femmes «rentrent bien dans la case prévue».
Sorciers Dogons en train de léviter |
Le chercheur qui a dirigé cette étude, Beverly Strassmann de l'université du Michigan, est convaincu que la religion locale utilise en réalité cette idéologie pour un but … que nous qualifierons d'occulte (dans les deux sens du terme) : cette ségrégation temporaire est surtout prétexte à la famille du mari de savoir quand la femme va redevenir fertile ! Ce serait une sorte d'affichage (déguisé) du statut reproductif : quand la femme revient de cette hutte, le mari sait qu'il peut incessamment se voir pousser des cornes. Cette crainte inciterait à une vigilance accrue … et à des copulations postmenstruelles (également accrues).
Précisons au passage que le taux d'adultère trouvé contredit la vision classique que ces actes immoraux seraient plus importants dans les cultures traditionnelles (on trouverait à peu près la même chose dans les populations modernes). La différence de taille (au sens figuré) est que les Dogons n'utilisent pas de méthode de contraception (moderne...). Ainsi, il faut établir de suite une nuance par rapport à ce que connaissent les femmes occidentales qui nous lisent. Les femmes Dogons fertiles (20 et 34 ans dans une étude) ont, sur une période de deux ans, 4 cycles menstruels en moyenne. En effet, elles sont la plupart du temps, soit enceintes soit en train d'allaiter (un moyen contraceptif naturel puissant).
Son opinion est que la majorité des religions dans le monde ont vu le jour sous des auspices des plus paternalistes. Dans ces sociétés, les ressources sont des plus critiques vis-à-vis de la reproduction. Ces ressources peuvent être des terres et/ou du bétail et sont héritées selon un schéma patrilinéaire. Cela va de pair (de père ?) avec des codes très stricts pour empêcher autant que possible l'adultère et autres comportements qui pourraient affecter la certitude d'être le «Papa» du fiston.
Dans ces sociétés patriarcales, sur le chapitre de l'adultère, les religions sont bien plus strictes concernant les femmes que les hommes... Et ça marche ! On vient de le voir ici, mais, d'après Strassmann, aux États-Unis, la fréquence de visites des églises et l'importance de la foi en les paroles de la bible seraient les meilleurs paramètres de prédiction d'une basse propension à l'adultère ( attention : rapporté par la personne consultée, donc peu fiable, même anonymement...).
Strassmann a un point de vue très tranché : les hommes (et ce qui les définit par rapport aux femmes...) dirigent les aspects fondamentaux des principales religions, encore une fois très de nature patriarcale, et ils ne le font pas sur de véritables buts moraux et célestes, mais pour un objectif bien plus terre-à-terre, biologique : la maîtrise de la reproduction.
Bon !
Glissons en conclusion une petite réserve de la part d'un autre chercheur en sociologie, Darren Sherkat de l'université de l'Illinois du Sud, a lu cette publication. Il ne conteste pas les chiffres relevés, mais pense que la juste interprétation n'est pas forcément celle-ci. Il se pourrait qu'il s'agisse d'un effet de contrôle social lié à la taille de différents groupes. La vision évolutionniste et biologique serait alors orientée dans la mauvaise direction.
Enfin, précisons que toutes les cultures ne trouvent pas les femmes en menstruations comme «impures». La tribu Gimi de Nouvelle-Guinée pense que l'homme doit s'emparer du « pouvoir » des règles féminines qui ne doivent pas rester entre leurs mains. Ils n'hésiteraient donc pas, bien au contraire, à faire «crac-crac» au moment des règles. Précisons quand même pour les sceptiques que Strassmann ne vient pas de débarquer : il s'agit d'un spécialiste étudie les Dogons depuis 26 ans et recherche depuis fort longtemps l'origine et l'impact culturel des menstruations.
Note : seuls certains primates, dont l'Homme, ont des menstruations. Strassman pense qu'il s'agit d'une tactique évolutive efficace à la fois sur le plan énergétique ainsi que sur le plan biologique : se débarrasser des éventuels pathogènes présents dans le sperme (si c'est vrai, on peut se demander qui est vraiment «impur» à la base...). Source
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