Un régime spécifique sans porc dans les cantines scolaires.
Depuis plusieurs années, la ville de Bastia propose pour les écoliers juifs et musulmans des repas sans cette viande, interdite dans les préceptes de leurs religions respectives. Y a-t-il entorse à la laïcité ?
Les enfants des cantines de Bastia peuvent choisir un menu spécifique sans porc. Gérard Baldocchi et Louis Vignaroli |
''Papa, dis moi, je suis régime porc ou sans porc moi…'' Les propos sont ceux d'une petite fille de sept ans scolarisée dans une école de la ville et qui tous les ans à pareille époque, découvre la fiche d'inscription pour les cantines scolaires de la cité. Et cette question revient dans la bouche de ces enfants qui ne comprennent pas que l'école laïque et républicaine fasse une telle distinction dans leurs assiettes.
Et si les héritiers des Hussards noirs de la République sont si véhéments et intransigeants pour dénoncer la présence d'une jeune fille voilée dans une école, ou l'apparition d'une femme vêtue d'une pseudo-burka dans une école maternelle de la ville, ils ne sont pas plus choqués que cela par cette case qui marque une différence entre un petit enfant athée ou chrétien et ses amis de confession hébraïque ou musulmane.
Et si, il est compréhensible de voir des menus différents pour des raisons médicales, cela apparaît moins évident concernant des critères religieux, interdits depuis la séparation de l'Église et de l'État en 1905.
«On ne peut pas laisser un enfant sans manger»
Pourtant, selon les syndicats et les représentants des affaires scolaires, il n'y a rien d'anti-laïc dans cette disposition bien au contraire comme peut l'expliquer Fabien Mineo, responsable départemental du syndicat Snuipp dans l'Éducation nationale : «À partir du moment où on laisse le choix aux enfants de manger du porc ou non, il n'y a rien qui est contraire au principe de la laïcité. C'est le meilleur des exemples que l'on puisse donner de notre conception de la laïcité puisque rien n'est imposé aux petits écoliers de confessions hébraïques ou musulmanes. Ils ont le choix entre diverses viandes et ne sont pas contraints de jeûner parce qu'il n'y aurait que du porc au déjeuner. Nous ne pouvons pas décemment laisser un enfant sans manger d'autant que pour beaucoup de parents, la cantine demeure l'endroit où leur progéniture prend un repas équilibré. C'est la même chose pour les enfants qui souffrent d'allergies et ne prennent pas le même repas que leurs camarades de classes.»
«La mairie respecte les religions»
Toussainte Devoti, adjointe au maire en charge des affaires scolaires, développe la même analyse que le syndicaliste. «Cette case à cocher sur les fiches d'inscription à la cantine existe depuis des années. Il ne s'agit pas, bien évidemment, de stigmatiser les petits musulmans ou les petits juifs mais de respecter la laïcité et la religion de chacun mais aussi de permettre l'égalité des droits des enfants dans l'école de la République. Cela consiste surtout à prévoir un repas de substitution pour tous les gamins qui ne mangent pas de porc et que l'on ne peut décemment pas laisser sans manger. Il y a un respect total des religions de la part de la mairie de Bastia qui applique dans les cantines scolaires ce principe.»
Si les signes ostentatoires restent interdits, il n'en est donc pas de même dans les assiettes des petits Bastiais. Les religions doivent demeurer normalement à la porte des écoles de la République et ne devraient pas interférer dans la conception des menus. Pourtant elles refont leur apparition dans les plateaux-repas des écoliers. Et si demain, d'autres confessions (Sikhs, Hindouistes, Taoïstes, Bouddhistes) s'invitaient à la table des cantines faudrait-il encore s'adapter et proposer des repas à la carte, végétariens, végétaliens ?
Tout cela engendre déjà un coût supplémentaire pour les collectivités et risquerait de coûter encore plus cher. Sans compter que les cantines centrales doivent donc concevoir des repas spécifiques pour les enfants allergiques. par Yann Monti Source
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