Strasbourg, immense mosquée ouverte au public
Quelques jours après son inauguration officielle, le nouvel édifice organise des matinées portes ouvertes pour tous.
Pour l'inauguration officielle qui a eu lieu jeudi 27 septembre, 1.500 personnes ont assisté à la cérémonie. Des élus, des membres de la communauté musulmane étaient présents pour entendre le discours du ministre de l'Intérieur Manuel Valls.
A partir de ce lundi 1er octobre, la grande mosquée ouvre ses portes aux Strasbourgeois.
A partir de ce lundi 1er octobre, la grande mosquée ouvre ses portes aux Strasbourgeois.
Musulmans ou pas, tout un chacun est invité à venir visiter le nouveau bâtiment, qui a mis plus de 20 ans à sortir de terre.
Les visites ont lieu de 9 heures à midi, jusqu'au dimanche 7 octobre.
Petite visite :
Les visites ont lieu de 9 heures à midi, jusqu'au dimanche 7 octobre.
Petite visite :
Source
COMMENTAIRE :
C'est vrai qu'elle belle, croyons seulement qu'elle fut construite pour la prière...
Ajout 11oct2012 :
Diyanet : séculariser l’islam «par le haut»
La Grande Mosquée de Strasbourg a été inaugurée le 27 septembre dernier, en présence du ministre de l’Intérieur chargé des Cultes. Manuel Valls a saisi l’occasion pour souligner le caractère spécifique, non généralisable, du droit local d’Alsace-Moselle, qui permet notamment que les édifices religieux soient financés par les collectivités, mais aussi que les prêtres et les rabbins soient formés et rémunérés par l’Etat. En Turquie, autre pays laïc, pareil régime dérogatoire n’existe pas : une seule instance, la Direction des affaires religieuses (Diyanet Isleri Baskanligi), gère l’islam de la République. Les chiffres de 2006 décrivent l’une des plus grandes institutions du pays : dotée d’un budget de 1.3 milliard de livres (environ 700 millions d’euros), le Diyanet finance et administre les quelques 78.000 mosquées et 5.000 écoles coraniques du pays. Parmi ses 80.000 fonctionnaires, une majorité est constituée d’imams et de professeurs de théologie. Le Diyanet a ainsi la charge de définir et de diffuser à l’ensemble des mosquées du pays les prêches du vendredi, de traduire les textes religieux, et de rendre des avis juridiques (fatwas). Elle est traditionnellement dirigée par un professeur de théologie nommé par le Premier ministre. Le Diyanet dépend en effet directement du Premier ministère ; elle est ainsi au cœur de l’administration de la Turquie laïque. Le paradoxe n’est qu’apparent : ce qui est central ici, c’est la conception selon laquelle l’Etat doit contrôler le religieux. Sous l’Empire déjà, les théologiens officiaient au sein de la bureaucratie étatique. Au début du XIXe siècle, les sultans réformateurs Mahmud II et Abdülmecid Ier engageront un processus de sécularisation ; pour faciliter la mise en œuvre de leurs réformes, ils chercheront à en justifier la nécessité en s’appuyant sur des versets du Coran, consacrant de facto une subordination de la religion à l’Etat, et la négation du principe selon lequel al-islâm dîn wa-dawla (l’islam est religion et Etat).
La crainte kémaliste d’une division turque
Ce processus de modernisation-occidentalisation est néanmoins endogène et engagé sous les auspices de l’islam. Atatürk saura en tirer parti en le radicalisant dès 1923 : fermeture des écoles coraniques et des ordres religieux, droit islamique (charia) remplacé par les droits suisse, allemand et italien. La création du Diyanet un an plus tard entre dans ce cadre. Il s’agit, en exerçant un monopole sur l’interprétation et la diffusion de la religion, de soustraire durablement l’islam sunnite majoritaire à l’influence des «cercles réactionnaires» et de le mettre au contraire au service du projet culturel kémaliste. Ainsi, les questions relatives au droit religieux et aux règles touchant directement l’Etat et la société relèvent de la seule compétence du Parlement. Les décisions relatives aux croyances et aux rituels relèvent du Diyanet. Historiquement, l’instauration d’une religion d’Etat, c’est-à-dire d’un islam républicain, laïc et ethno-national, ressortit à la crainte kémaliste d’un morcellement social et territorial le long de lignes de fracture confessionnelles (sunnites / alévis) et ethniques (Turcs / Kurdes). Il s’agissait dans l’esprit de ses concepteurs de séculariser la population «par le haut», de l’homogénéiser, et de garantir ainsi l’unité territoriale du pays. Néanmoins, l’exercice d’un tel contrôle allait, de par sa nature même, favoriser une politisation de l’islam «par le bas» : le principe du monopole de l’Etat sur l’interprétation et le contrôle de la religion est aujourd’hui battu en brèche par des partis politiques et des acteurs sociaux partisans d’une plus grande liberté religieuse, et, concrètement, d’un Diyanet plus autonome. par S. Ben Mansour Source
Ce processus de modernisation-occidentalisation est néanmoins endogène et engagé sous les auspices de l’islam. Atatürk saura en tirer parti en le radicalisant dès 1923 : fermeture des écoles coraniques et des ordres religieux, droit islamique (charia) remplacé par les droits suisse, allemand et italien. La création du Diyanet un an plus tard entre dans ce cadre. Il s’agit, en exerçant un monopole sur l’interprétation et la diffusion de la religion, de soustraire durablement l’islam sunnite majoritaire à l’influence des «cercles réactionnaires» et de le mettre au contraire au service du projet culturel kémaliste. Ainsi, les questions relatives au droit religieux et aux règles touchant directement l’Etat et la société relèvent de la seule compétence du Parlement. Les décisions relatives aux croyances et aux rituels relèvent du Diyanet. Historiquement, l’instauration d’une religion d’Etat, c’est-à-dire d’un islam républicain, laïc et ethno-national, ressortit à la crainte kémaliste d’un morcellement social et territorial le long de lignes de fracture confessionnelles (sunnites / alévis) et ethniques (Turcs / Kurdes). Il s’agissait dans l’esprit de ses concepteurs de séculariser la population «par le haut», de l’homogénéiser, et de garantir ainsi l’unité territoriale du pays. Néanmoins, l’exercice d’un tel contrôle allait, de par sa nature même, favoriser une politisation de l’islam «par le bas» : le principe du monopole de l’Etat sur l’interprétation et le contrôle de la religion est aujourd’hui battu en brèche par des partis politiques et des acteurs sociaux partisans d’une plus grande liberté religieuse, et, concrètement, d’un Diyanet plus autonome. par S. Ben Mansour Source
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