La dernière semaine de la vie de Jésus, faite de succès, de joie, de trahisons et de drames, un condensé de l’existence de tout être humain, où finalement la vie triomphe, résonne encore pour les chrétiens d’Alsace et de France et les appelle à l’espérance.
«C’est la fête des fêtes, pour Jérôme Hess, prêtre à la paroisse catholique de Saint-Pierre-le-Jeune à Strasbourg. Même s’il y a beaucoup moins de préparatifs extérieurs que pour Noël, Pâque est la fête la plus importante pour les chrétiens», qu’ils soient catholiques, protestants ou orthodoxes (1). On célèbre la résurrection du Christ.
Néanmoins, le dimanche n’est que l’épilogue de cette fête qui rappelle les derniers jours de Jésus. Dans la Bible, les Évangiles accordent une très grande place à ces quelques jours. «On en sait plus sur la dernière semaine de Jésus que sur sa vie entière», explique Pierre Magne de la Croix, pasteur à la paroisse réformée du Bouclier à Strasbourg.
Les Évangiles rapportent que tous les Juifs se rendent à Jérusalem pour la fête de la Pâque juive qui commémore la libération de leur peuple de l’emprise égyptienne (2). «Il y a beaucoup d’effervescence, imaginons que la population de Strasbourg soit au moins multipliée par deux, relate Pierre Magne de la Croix. Pour maintenir l’ordre, la garnison romaine avait aussi été multipliée par trois.» Jésus, en tant que juif, s’y rend évidemment. Il va vivre des événements intenses. Tout d’abord acclamé (dimanche des Rameaux, huit jours avant le dimanche de Pâque), il va devoir se confronter aux autorités politiques et religieuses, sera arrêté, condamné à mort et crucifié le Vendredi saint. «La crucifixion était vraiment la mort la plus infamante et humiliante que l’on pouvait vivre à cette époque, réservée aux gens de classe inférieure», rappelle Pierre Magne de la Croix.
Pilate, fonctionnaire romain, est partagé entre son éthique de responsabilité et l’éthique de conviction. Finalement, Jésus va servir de bouc émissaire pour avoir défié l’autorité. «Le Vendredi saint résonne énormément avec ce que vit l’Humanité, les exécutions, les massacres, la souffrance, ajoute Pierre Magne de la Croix. Chez nous, cela fait écho avec ce qui s’est passé à Toulouse récemment. Qu’est-ce qu’on aurait fait à la place des autorités ? Il ne faut pas jeter la pierre tout de suite. C’est pour cela que ce jour est particulièrement important pour les protestants.» Pour Jérôme Hess, ce qui s’est passé il y a plus de 2000 ans a encore tout son sens aujourd’hui. «Tout le monde est confronté à la mort, que ce soit la sienne ou celle de nos proches. Fondamentalement, l’homme s’interroge sur ce qu’il en sera après sa vie sur terre, plus encore que sur son origine et l’origine de la vie.» Matthieu 26 : 26-29, Marc 14 : 12-25, Luc 22 : 19-20, 1 Corinthiens 11 : 23-29, 1 Corinthiens 10 : 14-22.
La résurrection du Christ peut être une réponse, selon le prêtre. «Il est ressuscité pour tous. Depuis le jour de notre baptême, nous, nous croyons que nous avons été rendus semblables au Christ dans sa mort et sa résurrection. Quand il faudra passer par cette étape terrible, ce ne sera pas la fin de tout.» Concevoir cela, c’est la possibilité de donner du sens à sa vie, selon Jérôme Hess. «Puisqu’on croit que tout n’est pas fini avec la mort, cela nous invite à nous dépasser, cela génère de la solidarité et de la générosité.»
Face à une société frappée par la crise financière et sociale, le prêtre insiste sur le fait que Pâque nous aide à considérer que «l’on n’est pas que des numéros et des êtres de consommation à outrance, une tendance dont on mesure aujourd’hui les effets négatifs. Faisons en sorte, déjà, de construire un coin de ciel sur notre terre, en attendant notre résurrection et la plénitude du bonheur».
Puisque le Christ a invité les chrétiens à dépasser la mort, il leur a permis d’espérer une vie meilleure. «Finalement, la société qui a mis au ban Jésus, l’a condamné et croyait détenir la vérité, n’a pas eu le dernier mot, conclut le pasteur Pierre Magne de la Croix. Aucun homme ne détient la vérité sur le monde. Seul Dieu la possède.» par Fabienne Delaunoy
(1) Les orthodoxes ne fêtent pas Pâque le même jour que le reste des chrétiens parce qu’ils calculent cette date en fonction du calendrier julien, alors que le calendrier occidental est le calendrier grégorien. Cette année, la date de Pâque orthodoxe est fixée au dimanche 15 avril.
(2) La Pessah est célébrée depuis hier, samedi 7 avril.
No comments:
Post a Comment
Ce "post" vous a plu ? Laissez donc un commentaire !