La religion sans spiritualité n'aurait aucun sens, mais la spiritualité, elle, peut s'affranchir de la religion. Ainsi, même si la majorité des jeunes rejettent la proposition chrétienne, leur soif de spiritualité reste intacte, selon les observations de François Guilbault, animateur de pastorale à l'école secondaire de Brompton. «Ça ne fait pas partie de leurs références de se tourner vers la religion parce que la société l'a rejetée», explique François Guilbault.
Comme la religion catholique a bien souvent disparu de leur radar, les jeunes se tournent vers d'autres types de croyances pour se construire une spiritualité «à la carte». «Les jeunes vivent une spiritualité très personnelle en adhérant à différentes idées, religieuses ou autres, qui les intéressent», indique l'animateur de pastorale. Paradoxalement, beaucoup de jeunes sont baptisés, ont fait leur première communion et s'intéressent au côté culturel de la religion, a-t-il remarqué.
En outre, le rapport à la spiritualité des jeunes serait surtout lié au deuil. «C'est souvent à la mort d'un proche qu'ils commencent à vivre leur spiritualité», note François Guilbault. Sans vouloir la nommer Dieu le père ou Jésus, l'idée d'une présence protectrice dans l'au-delà interpelle les jeunes. «Ma grand-mère me protège», entend souvent l'animateur de pastorale. De la même manière, les jeunes pratiquent une forme de prière quand ils s'adressent à leurs proches défunts. Le rejet de la religion se traduit aussi par la popularité de l'athéisme. L'animateur de pastorale considère toutefois cette option comme une croyance au même titre que les autres. «Avoir la foi, c'est simplement croire en quelque chose, que ce soit en Dieu, en l'humain ou en rien», soutient-il.
Des valeurs intemporelles
La religion catholique a beau ne plus avoir la cote, ses valeurs trouvent encore écho auprès des jeunes. «En général, les jeunes sont pris dans le tourbillon du monde matériel, mais recherchent un monde profondément humain. Ils se posent de profondes questions sur le sens de l'humanité», indique François Guilbault. Les jeunes se reconnaissent donc dans les valeurs humanistes de la religion chrétienne. Difficile de trouver quelqu'un qui s'oppose à un message comme «Aimez-vous les uns les autres»...
Mais au lieu d'assister à la messe du dimanche, de lire la Bible ou d'égrener un chapelet, les jeunes vivent ces valeurs à travers l'engagement communautaire. Le bénévolat est l'une des façons privilégiées par les jeunes pour mettre en action les valeurs humanistes qui leur sont chères, affirme François Guilbault.
Il n'empêche que le vide créé par cette quête d'humanité ne conduit pas nécessairement à la spiritualité ou au bénévolat. «Les adolescents répètent ce qu'ils voient, comme le principe du magasinage compulsif qui "fait du bien" pour combler le vide par du matériel. Mais ce n'est pas le propre des ados, tout le monde le fait jusqu'à un certain point, même des personnes croyantes!», admet François Guilbault. par Sarah Saïdi
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