A Hollywood, le révérend veut punir les banques
Les prières du révérend Ryan Bell ont presque été exaucées. Lundi 12 mars, les autorités américaines ont annoncé avoir finalisé l'accord avec cinq grands établissements - Ally Financial, Bank of America, Citigroup, JPMorgan Chase et Wells Fargo - pour leur faire renoncer à une partie des créances immobilières que leur doivent certains ménages et éviter la saisie de leur maison. Coût de l'opération : 25 milliards de dollars (18,9 milliards d'euros). " C'est une bonne chose, commente M. Bell, mais il faut poursuivre le chemin."
Depuis des semaines, le révérend de l'église adventiste d'Hollywood ne cesse de fustiger les banques de Wall Street accusées de malmener ses paroissiens endettés, au point d'avoir attiré l'attention du New York Times. Samedi 10 mars, M. Bell a d'ailleurs encore parlé finance dans son sermon en utilisant le passage de la Bible où Jésus chasse les changeurs d'argent hors du temple Marc 11 : 15-19.
Mais la référence préférée du religieux est tirée de l'Evangile selon saint Matthieu contant l'histoire de ce roi qui, par charité, efface la dette de l'un de ses serviteurs, avant d'apprendre que celui-ci est sur le point d'étrangler un de ses compagnons qui lui doit de l'argent. Le roi se fâche alors et le livre aux bourreaux. " C'est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère ", est-il écrit.
OPERATION COMMANDO
Pour M. Bell, la parabole illustre parfaitement la situation actuelle. " Les banques ont été sauvées et maintenant elles étranglent les ménages ", explique-t-il. Il faut donc les punir... Le révérend - plus proche d'Eric Cantona, notre ex-footballeur antibanques, que de l'abbé Pierre - a ainsi décidé de retirer l'argent de son église de Bank of America et appelé ses paroissiens à faire de même avec les vilaines banques. La somme reste modeste, de l'ordre de 450 000 dollars.
Mais M. Bell n'est pas seul. Loin de là. D'autres congrégations religieuses, églises, synagogues... participent à cette "opération commando" poussée notamment par PICO National Network, une organisation de communautés religieuses militant pour la justice sociale. " Nous avons un pouvoir économique ", se réjouit l'un de ses directeurs, Gordon Whitman. Car l'accord de 25 milliards de dollars reste encore trop modeste, dit-il, pour aider les emprunteurs en détresse : " Il faudrait 300 milliards. " Claire Gatinois (New York, envoyée spéciale)
Sources : LE MONDE
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