Au dernier jour d'un voyage en Israël, étape d'une tournée internationale
censée asseoir sa stature internationale (
*), le candidat républicain à l'élection présidentielle américaine, Mitt Romney, a récolté lundi 30 juillet plus d'un million de dollars auprès de donateurs juifs américains. Sheldon Adelson, exploitant de casinos à Las Vegas et allié du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, était notamment présent aux côtés de M. Romney lors d'un petit-déjeuner destiné à lever des capitaux.
Alors que les jours précédents les questions de politique étrangère avaient occupé le devant de la scène, M. Romney a surtout évoqué lundi le dossier de l'économie américaine, pour lui la question centrale de l'élection du 6 novembre. "Ce que nous voyons actuellement, c'est une politique qui ne marche pas pour le peuple américain et qui ne pourra jamais marcher", a déclaré Mitt Romney sans citer le président Obama.
JÉRUSALEM, "CAPITALE D'ISRAËL"
Chaleureusement accueilli dans l'Etat juif, l'ancien gouverneur du Massachusetts a, en revanche, suscité la colère des Palestiniens. Après une rencontre à huis clos dimanche à Jérusalem avec le premier ministre palestinien, Salam Fayyad, le candidat républicain à la présidence américaine s'est rendu devant les murailles de la vieille ville, d'où il a prononcé un discours se déclarant "très ému" de se trouver à Jérusalem, "la capitale d'Israël".
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Le candidat à la présidence américaine Mitt Romney
devant le mur des Lamentations à Jérusalem. |
Ce alors que les Etats-Unis ne reconnaissent pas officiellement Jérusalem comme capitale d'Israël. Leur ambassade, comme pratiquement celles de tous les pays représentés en Israël, se trouve à Tel-Aviv. "Jérusalem-Est est occupé et la solution de deux Etats qui est soutenue par le monde entier, y compris les Etats-Unis et la majorité du peuple israélien [prévoit que] Jérusalem-Est [soit] la capitale de la Palestine et Jérusalem-Ouest la capitale d'Israël", a réagi le négociateur palestinien Saëb Erakat.
Les propos de Mitt Romney lui ont valu des remerciements chaleureux de la part du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, mais des réactions outrées du côté palestinien. "Les déclarations de Romney portent atteinte aux intérêts américains dans la région, à la paix, à la sécurité, et à la stabilité. Ces déclarations (...) sont inacceptables et nous les rejetons totalement", a critiqué M. Erakat. "Ce que fait cet homme ici, c'est uniquement la promotion de l'extrémisme, de la violence et de la haine. Et c'est totalement inacceptable", a-t-il ajouté. "Avec de telles déclarations, il justifie l'occupation et l'agression".
LE NUCLÉAIRE IRANIEN, UNE "MENACE INACCEPTABLE"
Mitt Romney s'est, par ailleurs, montré très défensif sur la question du nucléaire iranien, qu'il a qualifié de "menace (...) incomparable et inacceptable" pour "Israël, la région et le monde". "Nous considérons comme inacceptable que l'Iran devienne une nation dotée de l'arme nucléaire", a déclaré M. Romney avant de reconnaître, un peu plus tard "le droit d'Israël à se défendre".
"Nous devons prendre toutes les mesures pour dissuader le régime iranien de poursuivre sa course vers le nucléaire et nous espérons que des mesures économiques et diplomatiques le permettront. Mais en fin de compte, bien sûr, aucune option ne doit être exclue", a ajouté M. Romney en faisant allusion à une éventuelle attaque militaire.
M. Romney se pose en adversaire farouche de la politique prônée par M. Obama au Moyen-Orient. Vendredi, M. Obama s'est cependant lui aussi livré à une démonstration de soutien à Israël. Entouré de représentants du lobby pro-israélien AIPAC, il a promulgué une loi renforçant la coopération en matière de sécurité et de défense avec l'Etat hébreu et réaffirmé le soutien "inaltérable" de Washington à ce pays.
Le candidat républicain a commencé sa tournée de promotion par Londres, première étape marquée par un faux pas sur les Jeux olympiques. Après avoir exprimé des doutes sur le degré de préparation de la capitale britannique et essuyé les reproches du premier ministre, David Cameron, il a dû faire machine arrière. Cette tournée de promotion se poursuivait lundi par une étape en Pologne où l'ex-gouverneur du Massachusetts doit rencontrer à Gdansk Lech Walesa, fondateur de Solidarnosc, premier syndicat autonome créé derrière le rideau de fer, Prix Nobel de la paix et ancien président de la République polonaise.
Source
(*) Plan pour la présidence de Mitt Romney
Mitt Romney a commencé au Royaume-Uni, mercredi 25 juillet, une tournée internationale qui le conduira ensuite en Israël puis en Pologne. C'est l'occasion pour l'ancien gouverneur du Massachusetts de se doter d'une crédibilité internationale dans des pays choisis pour leur proximité avec les Etats-Unis. A ce jour, quelles sont les positions du candidat républicain en politique étrangère ?
- Israël, "le plus proche allié"
"Aux Nations unies, en applaudissant les ennemis d'Israël, [Barack Obama] a parlé comme si notre plus proche allié au Moyen-Orient était le problème", a déclaré
Mitt Romney dans un discours à Reno (Nevada) le 24 juillet, accusant le président sortant d'avoir
"trahi" l'allié traditionnel des Etats-Unis. Mitt Romney
assure lui dans son programme qu'il fera tout
"pour résister à la campagne planétaire pour délégitimer Israël" et
"pour assurer la sécurité" de l'Etat hébreu, en luttant contre
"les politiques anti-israéliennes en Turquie et en Egypte".
- Iran, "l'option militaire"
Pour le candidat républicain, "il est inacceptable que l'Iran puisse posséder l'arme nucléaire". Mitt Romney reproche à Barack Obama de ne pas avoir eu une politique suffisamment forte vis-à-vis de l'Iran. Le président sortant a défendu jusqu'ici l'utilisation de la diplomatie et l'instauration de sanctions contre l'Iran. Mitt Romney veut lui faire comprendre à l'Iran que "l'option militaire reste une possibilité". Le candidat appelle en outre à l'instauration d'une cinquième série de sanctions contre l'Iran, et à un soutien à l'opposition démocratique.
- Syrie, Irak et printemps arabe
Selon Mitt Romney, en Syrie,
"cela fait beaucoup trop longtemps que l'administration Obama nourrit l'espoir de pouvoir négocier avec Assad". Le candidat républicain souhaite lui adopter une
"stratégie d'isolement et de pression" envers le régime de
Bachar Al-Assad.
En Irak, le candidat républicain considère qu'il est difficile aujourd'hui de se prononcer sur la politique à adopter en janvier 2013, la situation risquant selon lui d'avoir beaucoup évolué d'ici là. Mais il s'engage, s'il est élu, à établir une relation durable et solide entre les Etats-Unis et l'Irak, qui est un
"partenaire stratégique dans la région".
En Egypte, en Libye et en Tunisie, Mitt Romney souhaite utiliser
"le soft power des Etats-Unis pour s'assurer que le printemps arabe puisse tenir ses promesses".
- Afghanistan, la parole aux militaires
Le candidat Romney s'oppose au plan de sortie d'Afghanistan, sortie prévue d'ici à 2014, par le président Obama. Pour lui, le retrait d'Afghanistan doit être
"fondé sur les conditions propres au terrain, évaluées par les chefs de l'armée américaine". Il s'oppose en outre au retrait des 30 000 soldats supplémentaires, prévu en septembre, et accuse Barack Obama d'avoir
"un planning inspiré par son agenda politique".
- Russie, "l'ennemi géopolitique numéro un"
Mitt Romney considère la Russie comme
"l'ennemi géopolitique numéro un", et critique fermement la politique du
"nous donnons et la Russie reçoit" de Barack Obama. Afin de
"décourager les comportements expansionnistes et agressifs de la Russie", il souhaite renégocier le nouveau traité Start sur les armes nucléaires, signé en 2010. Il veut aussi relancer le projet de système de défense anti-missiles en Pologne (contre la menace iranienne), auquel s'oppose la Russie, et qui a été abandonné par Barack Obama. Le candidat républicain souhaite par ailleurs
"encourager les réformes politiques et économiques démocratiques", et ainsi lutter contre
"les pratiques autoritaires" du gouvernement russe.
- Chine, le "tyran prospère"
En février, Mitt Romney avait promis, s'il est élu, d'éviter l'avènement d'un
"siècle chinois". Pour réagir à la montée en puissance de Pékin, il souhaite maintenir une présence militaire accrue dans le Pacifique et développer des coopérations fortes avec les alliés des Etats-Unis, notamment l'Inde, dans la région. Le candidat républicain veut aussi inciter la Chine à
"devenir un partenaire responsable dans le système international", il souhaite donc défendre les droits de l'homme pour lutter contre le
"tyran prospère" que représente la Chine à ses yeux.
- Amérique latine, la lutte contre les cartels
Mitt Romney met principalement l'accent sur la lutte contre les gangs criminels et les cartels de la drogue. Il affirme que dans les cent jours qui suivront son élection, il lancera dans cette région un programme afin de vanter les bienfaits de la démocratie et du libre-échange. Le candidat républicain souhaite par ailleurs créer une force de frappe unifiée pour lutter contre la drogue et le terrorisme dans la région, en mettant en commun des initiatives déjà existantes. Mitt Romney veut enfin renforcer la coopération avec le Mexique, dans la lutte contre les cartels de la drogue et les narcotrafiquants.