Ils
sont pasteurs et pratiquent les arts martiaux au nom de Jésus
Des pasteurs américains pratiquent le combat libre et
encouragent leurs paroissiens à faire de même. Un documentaire de Daniel Junge,
Fight Church, leur est consacré.
"Dans la vie, il arrive qu’on prenne des coups",
prêche Paul Buress, pasteur de la Victory Baptist Church de Rochester, dans
l’État de New York. Sa carrure de déménageur et son crâne rasé jurent avec sa
voix presque fluette d’homme d'Eglise. Ajoutés à cela le T-shirt dépareillé, le
blue-jean et le bandage sur son coude blessé, cet évangéliste fait davantage
l’effet d’un catcheur à l’entrée du ring que d’un pasteur.
Pourtant, religion et
free fight forment un tout dans son esprit. "C’est une bataille qui se
livre ici-bas, continue-t-il. L’ennemi nous cherche pour nous détruire, il veut
détruire vos familles et vous détruire personnellement… C’est là que la Bible
vous donne un entraînement."
Filmée et diffusée sur
Internet, cette scène est entrecoupée de violents affrontements sur un
ring octogonal et grillagé. Ce sont des extraits de combats d’arts martiaux
mélangés — "mixed martial arts" (MMA) —, une discipline née aux Etats-Unis dans
les années 90 et qu’enseigne Paul Buress à ses paroissiens : techniques de boxe
pieds–poings ; saisies, projections et étranglements… Il organise même des
compétitions autour de son église. "Peut-on aimer son prochain comme soi-même
et, en même temps, le frapper au visage aussi fort que possible ?", interroge un
paroissien particulièrement zélé. "À mesure que je progresse dans ma vie
chrétien, continue-t-il, je prends conscience d’un conflit. Est-ce que cela a un
impact positif sur ma foi ? (…) Je crois que le MMA et le christianisme peuvent
s’accorder."
Ces scènes sont extraites d’un
documentaire américain encore en production, Fight
Church, prévu pour 2013. L’équipe du film continue de lever des fonds
sur Kickstarter.com, mais déjà la nouvelle buzze sur le web,
d’autant que l’un des réalisateurs, Daniel Junge, a remporté cette année l’Oscar
du meilleur court métrage documentaire pour un autre film. "Je suis chrétien",
confie-t-il sur le site Examiner.com. "Quand on m’a demandé de faire ce film, je ne
savais pas quoi en penser. À première vue, ça me semblait mal (…) Après avoir
rencontré Paul et passé du temps avec lui, j’ai réalisé que sa foi était
sincère. Il aime Dieu et il aime les gens." À sa grande surprise, il a rencontré
d’autres pasteurs adeptes de MMA : "des paroisses où l’on combat fleurissent
dans tout le pays".
En 2010 déjà, rapportait le New York Times, le nombre d’églises où le free fight se pratiquait était estimé à 700. L’Association nationale des évangélistes voyait là une activité légitime pour sensibiliser les jeunes, au même titre que le rock, le skateboard ou encore le yoga. "Jésus était un guerrier", renchérit Brandon Beals, pasteur à l’église de Canyon Creek, dans l’État de Washington. Également connu sous le nom de "fight pastor", il se définit sur son site web comme "un ambassadeur du Christ auprès de la communauté du MMA" et "un ambassadeur du MMA pour la culture chrétienne". L’enjeu est aussi économique : des marques de vêtements dédiés aux "combattants chrétiens" se déploient sur Internet, comme "Jesus didn’t tap", "Fight 4 Christ" ou encore "Gladiators of Christ''.
L’année dernière, un documentaire similaire à Fight Church a fait le tour du web américain et des festivals de films indépendants : réalisé par Nathan Clarke et Jeffrey Pohorski, Wrestling for Jesus suit le parcours d’un catcheur professionnel, Timothy Blackmon, qui met sur pied un ligue de combattants en Caroline du Sud, afin d’évangéliser le voisinage :
En 2010 déjà, rapportait le New York Times, le nombre d’églises où le free fight se pratiquait était estimé à 700. L’Association nationale des évangélistes voyait là une activité légitime pour sensibiliser les jeunes, au même titre que le rock, le skateboard ou encore le yoga. "Jésus était un guerrier", renchérit Brandon Beals, pasteur à l’église de Canyon Creek, dans l’État de Washington. Également connu sous le nom de "fight pastor", il se définit sur son site web comme "un ambassadeur du Christ auprès de la communauté du MMA" et "un ambassadeur du MMA pour la culture chrétienne". L’enjeu est aussi économique : des marques de vêtements dédiés aux "combattants chrétiens" se déploient sur Internet, comme "Jesus didn’t tap", "Fight 4 Christ" ou encore "Gladiators of Christ''.
L’année dernière, un documentaire similaire à Fight Church a fait le tour du web américain et des festivals de films indépendants : réalisé par Nathan Clarke et Jeffrey Pohorski, Wrestling for Jesus suit le parcours d’un catcheur professionnel, Timothy Blackmon, qui met sur pied un ligue de combattants en Caroline du Sud, afin d’évangéliser le voisinage :
Aux Etats-Unis, la démarche n’est pas sans soulever des critiques. "Ce qui vous
utilisez pour attirer les jeunes vers le Christ est aussi ce dont vous avez
besoin pour les garder", déplorait Eugène Cho, pasteur à la Congrégation
évangéliste de Quest Church, à Seattle, cité par le New York Times. Outre
l’Église, le MMA compte encore bien des détracteurs ; il reste illégal dans
quelques États américains et… en France. Le free fight christique n’est
donc pas près de s’y exporter. par
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