La guerre du papier toilette sévit au Venezuela
Pour rémédier à la pénurie de papier toilette, l'État a déclaré l'occupation «temporaire» de la plus grande usine du pays. L'économie fermée du pays est confrontée à des pénuries récurrentes de produits de base.
L'armée vénézuélienne vole au secours du papier toilette! Alors que le pays souffre de pénuries récurrentes de produits alimentaires et de consommation courante, notamment de papier toilette, l'État a décidé d'employer la manière forte.
Le vice-président, Jorge Arreaza, a déclaré l'occupation «temporaire» de la plus grande usine de papier hygiénique du pays, Manpa (Manufacture de papier). «L'occupation temporaire de Manpa a pour but de vérifier la production de papier toilette, sa commercialisation et sa distribution», a écrit le vice-président sur son compte twitter sans préciser la durée de l'opération.
«Les entreprises sont face à deux problèmes»,
dit
Un détachement de fonctionnaires sous protection militaire se charge de surveiller la production. La société privée Manpa, qui produit PQ, couches culottes et protections hygiénique, devra prendre en charge les repas des soldats pendant toute la durée de l'intervention, précise le média argentin Clarín .
Si l'histoire peut prêter à sourire, elle est en fait révélatrice de la situation difficile qui règne actuellement dans le pays. Les Vénézuéliens sont en effet las des pénuries cycliques d'aliments de base comme le café, la farine, l'huile, le sucre, ou le papier toilette. Ainsi, à Caracas, lors d'un arrivage de papier toilette dans un magasin, les habitants sont prêts à faire d'interminable queue (photo) avant de mettre la main sur le précieux bien.
Le gouvernement et les milieux économiques se rendent mutuellement responsables de cette situation. L'État accuse le secteur privé de créer artificiellement la rareté pour faire monter les prix. Il met en place une politique d'expropriation des grands propriétaires pour augmenter la production.
L'opposition et les sociétés privées se plaignent, elles, de ne pouvoir produire et vendre librement. Elles fustigent le contrôle des prix sur les produits de base. Sara Confalonieri, économiste pour BNP Paribas spécialisée sur les pays d'Amérique Latine, explique que «au Venezuela, les entreprises sont face à deux problèmes. D'un côté, les prix des produits de base sont subventionnés, les sociétés privés sont donc parfois obligées de vendre leurs produits à perte, ce qui constitue un réel frein à la production. Par ailleurs, il est très difficile d'obtenir des dollars sur le marché officiel. Or les sociétés qui achètent leurs matières premières à l'étranger sont obligées de se procurer des dollars. Elles se fournissent donc sur le marché parallèle», où le taux de change est parfois jusqu'à six fois plus élevé que le taux officiel. De fait, les autorités du pays suivent une politique de strict contrôle des changes avec un taux de change officiel. Mais il est très difficile d'obtenir des dollars sur le marché officiel, ce qui provoque son envolée sur le marché parallèle. Ce manque de devises est en outre l'une des principales causes de l'inflation qui a atteint 20,1% en 2012 et culmine à 45% sur le mois d'août en glissement annuel.
«Certaines entreprises favorisent le marché noir»,
dit
Dominique Fruchter, économiste à la Coface, ajoute que «le pays a tout misé sur le pétrole depuis une vingtaine d'années au détriment du développement d'autres secteurs et notamment de son industrie. Le pays est également confronté à des problèmes de logistique et d'acheminement des biens». Le spécialiste de l'Amérique latine précise par ailleurs que «le gouvernement n'a pas complètement tort lorsqu'il évoque l'existence préjudiciable d'un marché noir. Certaines entreprises favorisent en effet le marché noir où règne un phénomène de spéculation et de stockage».
En attendant que le pays règle ces problèmes, des Péruviens volent au secours de leurs compatriotes. En juillet dernier, des jeunes péruviens, les «Amis du Venezuela», ont fait don d'un stock de papier hygiénique à l'ambassade du Venezuela à Lima, appelant le président Nicolás Maduro à cesser de «plonger le peuple vénézuélien dans le chaos et la misère». par Mathilde Golla Source
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COMMENTAIRE :
Aujourd'hui, c'est le papier-cul, demain ce sera le lait, puis le pain, etc...
Dure la vie sans espoir...
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