Mères
juives : pourquoi elles devraient manger casher
La "mère juive", devenue au fil des années un concept, est volontiers moquée,
lorsqu'elle n'est pas brutalement vilipendée, notamment par ceux qui se
présentent comme ses propres enfants. Étouffante, obscène, intrusive, elle
empêche sa descendance de se séparer de sa chair et de suivre le chemin de sa
propre vie. Ses fils et filles lui reprochent ses ordres contradictoires : il
faudrait pour la satisfaire se marier, mais tout prétendant au titre de conjoint
ou d'épouse est bon à jeter à ses yeux. Il serait bon de construire un foyer et
une carrière professionnelle autonome, mais en restant le bébé de maman. De quoi
devenir schizophrène ? Assurément. Ce délire est-il par ailleurs spécifique aux
mères dites "juives" ? Sans doute pas. Au fond, cette double exigence,
«Grandis et reste mon enfant», existe largement hors du cadre de cette petite
population. On pourrait même avancer qu’elle se révèle universelle. La mère
juive, dans son sens exagéré du sacrifice comme dans ses inextinguibles
exigences, joue la partition de bien des parents. Les plaisanteries qu’elle
suscite permettraient simplement à ceux qui en rient, juifs ou non,
d’extérioriser leurs angoisses profondes sur leur origine et sur le sens de leur
vie sur terre.
Il faut tout de même bien noter que ces "mères juives" sont justement
"juives". Faudrait-il chercher à cela une explication dans les textes
et dans les lois du judaïsme ? Dès le départ, avec la morale qu’elle tire de
l’histoire d’Abraham, la Torah donne à ses fidèles une injonction paradoxale. Le
grand homme «abandonne son père et sa mère» (Genèse 2, 24), pour
tracer son propre chemin. Suivant son exemple, tout homme devra désormais
quitter le foyer qui l’a vu naître, se marier, avoir des enfants… et leur
transmettre ce qu’il tient justement de ses parents. Se séparer de ses
ascendants pour mieux les perpétuer, telle serait la raison d’être d'Abraham et
de ses fils selon la Loi.
Quant aux rites alimentaires, traditionnellement transmis
pendant des siècles par les mères dans les foyers juifs, il est possible qu'ils
aient entre autres objectifs celui de rappeler à ces mères et à leurs enfants
l'ordre donné à Abraham de voler de ses propres ailes. Dans un livre appelé
Leçons de diét-éthique, qui présente une analyse symbolique des règles
de la cacherout, l'auteur Sébastien Allali s’intéresse à l’interdit israélite de
mélanger le lait et la viande. Selon de nombreux commentateurs, explique-t-il,
cet interdit devrait être mis en relation avec celui de l’inceste : «Le
lait symbolisant la mère, le mélange lait/viande serait l’expression du retour à
l’utérus maternel évoqué par Freud.» L’interdit de ce mélange, conclut
l’auteur, serait donc «un rappel symbolique de la nécessité […] de ne pas
mélanger de manière malsaine et confuse la vie des enfants (le chevreau, donc la
viande) et celle des parents (la mère, donc le lait)». Autrefois, au temps
auquel la Bible fut rédigée, les Hébreux organisaient une grande fête pour
célébrer le sevrage de leurs fils. Sébastien Allali remarque que le nourrisson,
appelé tenok, « celui qui tête », devenait alors un enfant,
yeled, «celui qui naît». C'est avec la fin de l’attachement de chair
à la mère que le petit humain voit naître sa véritable identité. Dès lors que la
séparation entre les générations est si clairement ordonnée, il n’est rien
d’étonnant à ce que les enfants des mères juives dénoncent avec véhémence les
tentatives d’intrusion de celle qui leur a donné la vie. D’un autre côté, dans
un contexte ou la transmission constitue le sens de la vie, il est logique que
les parents, pères et mères, surinvestissent lourdement leur progéniture, tordus
entre l’obligation de transmission et l’impératif, pour que celle-ci soit
effective, d’autoriser leur enfant à devenir autonome.
Certains commentateurs lisent l’errance de quarante ans du
peuple hébreu dans le désert comme l’accouchement dans la douleur du judaïsme.
Celui-ci viendrait au monde avec le don de la Torah, assimilé au lait nourricier
de la mère. Sébastien Allali note d’ailleurs qu’il est de coutume de consommer
des mets lactés pour la fête de Chavouoth, qui célèbre cette sanctification. Il
me semble que l’on peut toutefois interpréter ces images différemment. La sortie
d’Égypte, avec la traversée de la mer Rouge, peut être perçue comme la naissance
à proprement parler (l’accouchement) du peuple juif. Ensuite, pendant la
traversée du désert, Dieu distribue la manne, aliment couvert de rosée qui
change de goût chaque jour selon ce que l’on imagine en la dégustant, et que
tous les Hébreux reçoivent à égalité. Ce mets mystérieux peut être assimilé au
fameux lait maternel, qui change de goût en fonction des jours, et même au cours
d’une tétée, s’adaptant aux besoins de l’enfant, et qui était peut-être à
l’époque la nourriture la mieux répartie entre les classes sociales. Puis surgit
le don de la Loi de Dieu qui, enseignant au peuple juif un langage pour l’aider
à comprendre le monde, lui impose ses premières obligations en même temps qu’il
lui offre, corollaire de cette responsabilité nouvelle, la liberté… serait-ce
celle de désobéir. C'est ainsi que les règles de la cacherout, qui constituent
une partie importante de cette Loi et sont transmises notamment par la mère,
veulent peut-être enseigner, à travers même leur caractère arbitraire,
l'importance de l'émancipation. Source
COMMENTAIRE :
J'ai rencontré une mère juive, parente d'élèves. Elle me confia qu'il a été difficile de sortir de la secte hassidique. Aujourd'hui, traumatisés et stigmatisés de l'endoctrinement hassidique, ils ont coupé toutes relations avec la secte.
Mais aussi, qu'ils ont en parti rejeté la pratique juive. Elle dit en partie, parce que le respect des choix alimentaires, le respect du Shabbat, même sans l'honorer spécialement, restent. Mais ils vivent plus librement, peuvent s'habiller avec des vêtements de couleurs alors que cela leur était formellement interdit !
Ses enfants vont dans une école publique, jouent et se mélangent avec leur camarades... Mieux, ils sont amis aux miens !
Heureusement, le processus de réhabilitation est proportionnel à la douleur éprouvée.
La communauté juive est comparable à la chrétienne. Il y a nombres de branches différentes, chacune plus libérale ou directive de l'autre.
Mais il y qu'un Dieu.
Je suis chrétien, juif spirituel.
Humour juif :
Un jeune étudiant juif rentre à sa maison.
Sa mère lui demande alors de lui parler de sa vie.
-Alors, tu as gardé la kippa ?
-Mais non, maman, tu sais, il ne faut pas faire de signe ostentatoire
-Et tu continuais à manger casher ?
-ben tu sais maman, quand on est avec des amis, on a pas forcément le choix ?
-Mais tu pratiquais quand même le shabbat ?
-ben maman, tu sais, j'ai cour le samedi ...
-Mais dis moi, tu es toujours circoncis ?!
Sa mère lui demande alors de lui parler de sa vie.
-Alors, tu as gardé la kippa ?
-Mais non, maman, tu sais, il ne faut pas faire de signe ostentatoire
-Et tu continuais à manger casher ?
-ben tu sais maman, quand on est avec des amis, on a pas forcément le choix ?
-Mais tu pratiquais quand même le shabbat ?
-ben maman, tu sais, j'ai cour le samedi ...
-Mais dis moi, tu es toujours circoncis ?!
- .... ?!
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