La place de la religion en question
Quelle laïcité à l'hôpital ? Comment apaiser les relations parfois tendues entre patients et soignants autour des questions de religion ?
Médecins et représentants des principaux cultes viennent de jeter les bases d'une feuille de route.
Tout est parti d'un accouchement «insupportable à vivre» selon le gynécologue toulousain qui l'a pratiqué. «Une patiente voilée, un mari qui donne des ordres à tout le monde et qui se prosterne vers La Mecque à la sortie de l'enfant… Tout ça était très dérangeant pour l'équipe» témoigne le praticien. Évoquant son inquiétude de voir la religion entrer en salle de naissance, le gynécologue a constaté les difficultés rencontrées aussi par d'autres soignants, de la secrétaire au brancardier.
Une réunion, la semaine dernière, entre le conseil de l'ordre des médecins, l'ARS (agence régionale de santé) Midi-Pyrénées et les représentants des quatre principaux cultes - catholique, juif, musulman et protestant- a permis de poser la question de la laïcité à l'hôpital. Des échanges sont prévus tous les trimestres.
«Nous avons évoqué des situations parfois difficiles : les refus de soins par rapport au sexe des soignants, des incompréhensions par rapport aux dons d'organe, aux interruptions volontaires de grossesse ou au diagnostic prénatal. Un médecin qui serre la main d'une femme peut la heurter sans le vouloir et, à l'inverse, le médecin peut mal vivre son refus… La laïcité sera plus facile à respecter quand on connaîtra bien les situations qui amènent à ces incompréhensions», explique le docteur Jean Thévenot, président du conseil départemental de l'ordre des médecins.
«Respecter l'identité spirituelle»
«On aurait dû avoir cet échange il y a bien des années. Toute femme musulmane désire être assistée par une femme mais, dans les cas d'urgence, on ne va pas attendre. Nous réfléchissons à déléguer des femmes auprès des aumôniers pour les accompagner dans les maternités et pour leur expliquer les situations d'urgence» déclare Amar Moqran, porte-parole du conseil régional du culte musulman de Midi-Pyrénées.
«L'angoisse est présente à l'hôpital, il est important de respecter l'identité spirituelle du patient. Depuis quinze ans, on peut par exemple manger casher à l'hôpital et dans certaines cliniques, la réflexion sur le don d'organes avance aussi» témoigne le rabbin Yossef Matusof, aumônier au CHU (centre hospitalier universitaire) de Toulouse, qui participe à des sessions d'information sur la religion juive à la Croix rouge et à l'hôpital.
La charte de la laïcité dans les services publics français, qui date de 2007, rappelle que les usagers ont le droit d'exprimer leurs convictions religieuses dans les limites du respect de la neutralité du service public, de son bon fonctionnement et des impératifs d'ordre public, de sécurité, de santé et d'hygiène. L'agent public doit traiter également toutes les personnes et respecter leur liberté de conscience. par Emmanuelle Rey Source
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