Danser
pour la Madone (la vierge-Marie), une prière vivante
Dans les cultures préchrétiennes du bassin méditerranéen, le mois de mai
symbolise la fertilité ; celui-ci était célébré comme une renaissance. Le
christianisme s’est réapproprié cette coutume, en substituant à la Mère païenne
la Mère chrétienne : la Vierge. Nous sommes le 8 mai 2013, mercredi de
l’Ascension, en Campanie, dans la région de Naples. À Scafati, plus exactement.
Ici on ne prie pas : on danse, on chante, on joue pour la Madone. La prière se
vit.
Danse typique du sud de l’Italie
la tammurriata permet au
peuple d’exprimer sa dévotion en dehors des cadres traditionnels de l’orthodoxie
chrétienne. La danse et la musique sont ici des actes aussi religieux que
profanes, et qui témoignent du syncrétisme entre anciens cultes gréco-romains et
religion chrétienne.
On se laisse porter par les chants
envoûtants
les danses frénétiques et les rythmes incessants des
castagnettes et des tammorre (grands tambourins). Les gens accourent en
chantant, jetant œillets et pétales de roses à la Madone. Les charrettes ornées
de fleurs paradent, les danseurs s’agitent au rythme des tambours. Les musiciens
terminent la procession en entrant dans l’église, entonnant des «canti
a’figliola» («chants pour la jeune fille»), chants d’invocation à la
Madone, Mère sacrée. Ces chants et musiques, tolérés dans l’église, constituent
le lien qui unit la célébration religieuse officielle et celle d’expression plus
populaire.
Amour, sacré et profane sont alors intimement
liés.
Le culte religieux se voit mêlé à l’ivresse, à la danse, à la
musique et à la sensualité.
par Marie Julliard Source
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