Au
cœur du message de santé de l'Église adventiste
André Viller |
Issue de la nébuleuse protestante au XIXème siècle, l'Église
adventiste du septième jour compte aujourd'hui 20 millions de fidèles à travers
le monde. Une de ses particularités : elle conseille à ses fidèles de suivre une
alimentation végétarienne et d'avoir une bonne hygiène de vie. Dans ce cadre et
dans une optique d'évangélisation, l'Église adventiste organise des conférences
et des ateliers pour diffuser son message au grand public. Depuis le 24 juin et
jusqu'au 29 juin, un cycle est organisé à Paris. Nous avons assisté à l'une de
ces soirées dans la Maison de l'Espérance (Paris V).
«Un corps sain est un plateau idéal pour un esprit sain», affirme
Perpetuo de Andrade avant le début des ateliers. Comme lui, une cinquantaine de
personnes se sont données rendez-vous lundi 24 juin pour cette soirée organisée
par l'association culturelle et sociale adventiste de Paris-Sud. L'objectif :
évangéliser. Ce type d'évènements est organisé couramment afin de diffuser le
message de l'Église adventiste au grand public. Sur le thème «bien dans sa
tête, bien dans son corps», le cycle de conférences et d'ateliers de la
semaine s'intéresse à la question : «Quelle santé pour ce monde en
crise ?».
À 18 h, début des ateliers, au nombre de trois. Celui consacré au
développement personnel est finalement annulé. Restent les ateliers stress et
nutrition. Dans le premier, la psychologue Anne-Marie Leroux intervient devant
une quinzaine de personnes attentives : «Le docteur Soly Bensabat disait :
le stress c'est la vie. Sans stress, la vie est une mort lente. Il nous faut
tous une dose de stress optimale.» Chacun se voit distribuer le test du
docteur Bensabat pour savoir s'il est «candidat au stress». «J'ai appris
des choses que je voulais entendre par rapport au stress. Il faut se connaître
soi-même pour ne pas se mettre dans des situations qu'on ne peut pas
gérer», se remémore Katia, 31 ans. La jeune femme a rejoint l'Église
adventiste il y a cinq ans : «Je l'ai connue par le biais de mes amis, puis
j'y suis allée de moi-même. J'ai ressenti un appel et par conséquent, j'ai pris
ma décision», ajoute-t-elle.
Pour une alimentation végétarienne
Plus nombreux sont les auditeurs de l'atelier nutrition. Une quarantaine de
personnes écoutent le naturopathe Jean-Pierre Melo affirmer que «manger de
la viande a un rapport certain avec la violence, puisque l'action est liée à la
mort d'un animal». Les adventistes du septième jour prônent une
alimentation végétarienne, sinon la moins carnée possible. Pour justifier ces
choix, Jean-Pierre Melo s'appuie sur la Bible : «Dans la première phase,
l'humanité devait être herbivore. Puis dans la seconde, une tolérance a été
accordée à l'Humanité. Finalement, la Bible a penché pour des interdits
alimentaires. La viande oui, mais pas n'importe laquelle.»
Conformément à
l'Ancien Testament, les adventistes ne consomment pas de porc. Dans la salle,
une femme intervient : «Manger du porc ne va pas nous tuer. C'est juste une
question d'obéissance à Dieu». Avant de terminer, Jean-Pierre Mélo s'amuse
: «Aujourd'hui, on nous dit de manger cinq fruits et légumes par jour. Mais
nous, les naturopathes, le disons depuis le XIXème siècle !».
Alroy a suivi l'atelier nutrition avec intérêt : «Le concept de
l'alimentation a été bien présenté. L'intervenant nous a donné des éléments de
réponse sur l'eau et l'obésité.» Le jeune homme de 30 ans est adventiste
depuis maintenant 13 ans. «Mais peu importe la communauté religieuse qui
l'organise. Je me rends à toutes les conférences dès qu'il s'agit de
santé», assure-t-il.
Une conférence sur fond biblique
18 h 40. Tout le monde passe en salle de conférences pour vingt minutes
d'étude de la Bible animées par le pasteur André Viller. Il commence par
discuter des trois dimensions de l'Homme : «le corps, l'esprit et
l'âme». Le tout est basé sur des références bibliques qui parlent à
l'auditoire.
Exemple, le pasteur déclare : «Adam a mangé la pomme». Deux femmes
rétorquent : «Ce n'est pas une pomme. Dans la Genèse il est écrit que c'est
un fruit. Il n'est pas précisé lequel.» S'ensuit un discours sur fond de
background religieux et adapté à un auditoire de croyants.
Une bonne manière d'enchaîner sur un début de célébration. Les caméras sont pointées sur le jeune homme qui monte sur scène, une mélodie de piano en fond sonore. L'homme commence à chanter «Dieu tout-puissant», suivi par les fidèles. Comme dans un karaoké, les paroles sont affichés sur grand écran. Tout de suite après, une femme chante de l'opérette a capela, avec une voix pleine d'émotion. Un «Amen» général conclue la séance musicale.
C'est au tour du pasteur Samuel Saint-Elie de prendre la parole pour la conférence. «Qui est intéressé par la santé ici ?», demande-t-il. Tous les bras se lèvent. «Normalement, tous ceux qui sont en vie sont intéressés par leur santé», s'amuse le pasteur avec le sourire. En s'appuyant sur un diaporama, Samuel Saint-Elie raconte que «le record de longévité est détenu par les habitants d'Okinawa au Japon. Ceci, poursuit-il, car ils ne mangent pas de viande et consomment beaucoup d'eau, de fruits et d'aliments complets». Poursuivant dans la même rhétorique, il affirme que «les adventistes détiennent le record mondial de l'espérance de vie parmi les groupes religieux, soit 8,9 années de plus que la moyenne».
Une bonne manière d'enchaîner sur un début de célébration. Les caméras sont pointées sur le jeune homme qui monte sur scène, une mélodie de piano en fond sonore. L'homme commence à chanter «Dieu tout-puissant», suivi par les fidèles. Comme dans un karaoké, les paroles sont affichés sur grand écran. Tout de suite après, une femme chante de l'opérette a capela, avec une voix pleine d'émotion. Un «Amen» général conclue la séance musicale.
C'est au tour du pasteur Samuel Saint-Elie de prendre la parole pour la conférence. «Qui est intéressé par la santé ici ?», demande-t-il. Tous les bras se lèvent. «Normalement, tous ceux qui sont en vie sont intéressés par leur santé», s'amuse le pasteur avec le sourire. En s'appuyant sur un diaporama, Samuel Saint-Elie raconte que «le record de longévité est détenu par les habitants d'Okinawa au Japon. Ceci, poursuit-il, car ils ne mangent pas de viande et consomment beaucoup d'eau, de fruits et d'aliments complets». Poursuivant dans la même rhétorique, il affirme que «les adventistes détiennent le record mondial de l'espérance de vie parmi les groupes religieux, soit 8,9 années de plus que la moyenne».
« New Start »
Comment expliquer cela ? «Grâce aux huit remèdes naturels NEW
START», explique le pasteur. En plus d'être un «nouveau
départ», référence à la conversion à l'adventisme, il s'agit d'un
acronyme. N pour «nutrition», E pour «exercice», W pour «water» (eau), S
pour «sunshine» (ensoleillement), T pour «temperance» (abstinence d'alcool),
A pour «air», R pour «rest» (repos) et enfin T pour «Trust in God»
(confiance en Dieu). Ce sigle résume l'hygiène de vie prônée par l'Église
adventiste.
Une philosophie diffusée dans le monde entier. Ceci est illustré à la suite
par un clip vidéo consacré à ADRA, l'agence humanitaire adventiste. Une musique
lugubre, des images de guerre et de misère. «L'Église adventiste du
septième jour cherche des réponses aux problèmes et cherche à ouvrir des portes
libératrices», lance la voix-off, avant de poursuivre : «Forte de 20
millions de membres, l'Église adventiste toujours à la pointe de la prévention
et de l'éducation, sans distinction de couleur et de religion». Des
centaines d'écoles, 162 hôpitaux,... les infrastructures adventistes sont
énumérées une à une. Avant d'insister sur un point : «Dieu est un Dieu de
liberté. Il faut respecter les différences personnelles et le droit à la liberté
de conscience».
De la diététique au « message de Jésus »
Samuel Saint-Elie reprend le micro pour lancer un vrai cours de diététique.
En blâmant les multinationales pour commencer : «Pour des raison
d'économie, on peut nous donner n'importe quoi à manger», se révolte-t-il.
Il conseille donc les fidèles sur la marche à suivre : varier les aliments,
faire une marche légère après les repas, boire beaucoup d'eau... Avant de faire
un parallèle avec l'Eau de Vie, à savoir «le message de Jésus».
«Beaucoup de personnes n'ont jamais expérimenté Jésus. Je vous le dis,
donnez une chance à Jésus. Faites l'expérience en rentrant chez vous. Jésus
entendra vos prières».
Fin de séance. La parole du pasteur semble avoir été entendue. «C'est un
message très fort, déclare Sabine, une jeune adventiste de 23 ans.
C'est une chance de parler de croyances en entremêlant le spirituel et la santé.
Nous avons tous un besoin primaire d'orientation. Dans l'Église, nous nous
soutenons mutuellement». Le pasteur Samuel Saint-Élie assure être là pour
«aider les gens à s'en sortir en faisant de la prévention». Il
souhaiterait partager le message du Christ plus souvent : «Nous devrions
organiser des conférences plus régulièrement». Mais le pasteur se montre
patient : «Si les fidèles peuvent atteindre une santé globale, c'est mieux.
Mais si un seul aspect est reçu, c'est déjà un plus pour nous». De toute
manière, le cycle de conférences dure toute la semaine jusqu'au samedi. De quoi
laisser à l'évangélisation le temps de faire son effet.
Pour en savoir plus
L’Histoire
L’Église adventiste du 7ème jour est née d'églises évangéliques, au XIXème
siècle, en Angleterre et aux États-Unis. Elle est issue de courants baptistes et
wesleyens et regroupe des membres de l'ensemble de ces églises sur la croyance
dans le retour du Christ.
L'axe théologique et biblique n'est pas fondamentalement évangélique. Les adventistes du 7ème jour observent le sabbat (quatrième commandement) et croient en la doctrine du sanctuaire céleste.
«Les célébrations adventistes sont un mixte entre l'Église réformée de France et l'Église méthodiste, avec des variations selon l’origine des communautés», précise le pasteur Philippe Baup. L’Eglise adventiste de Paris-Sud (forte de 1000 membres) est composée d'Antillais à 95 %. La liturgie présente donc de nombreux chants, gospel et negro spiritual en tête.
L'axe théologique et biblique n'est pas fondamentalement évangélique. Les adventistes du 7ème jour observent le sabbat (quatrième commandement) et croient en la doctrine du sanctuaire céleste.
«Les célébrations adventistes sont un mixte entre l'Église réformée de France et l'Église méthodiste, avec des variations selon l’origine des communautés», précise le pasteur Philippe Baup. L’Eglise adventiste de Paris-Sud (forte de 1000 membres) est composée d'Antillais à 95 %. La liturgie présente donc de nombreux chants, gospel et negro spiritual en tête.
Culte
Le culte a lieu le samedi matin : c'est faire un temps de liberté pour se
consacrer à Dieu en Église. Le culte est composé de deux parties. Le premier
moment est celui de la catéchèse. La communauté est divisée en groupes qui vont
disserter sur un sujet biblique, décidé au niveau mondial. La cérémonie
proprement dite est composée de chants de louange, de la prière pastorale, de la
lecture biblique et de la prédication.
La hiérarchie
Les églises locales sont constituées d'une association culturelle et d'une
association cultuelle. Elles sont organisées en fédérations. La fédération
France/Nord, incluse dans l'Union des Fédérations belgo-luxembourgeoises (qui
est elle même une division de la Conférence générale basée à Washington DC)
regroupe par exemple 80 églises et une quarantaine de pasteurs, dont une dizaine
en région parisienne. Mais le pouvoir appartient essentiellement aux églises
locales.
L’évangélisation
Responsable du pôle évangélisation de
la fédération France-Nord, Philippe Baup explique que «l’évangélisation est
un devoir mais ne doit pas se faire par tous les moyens». Diverses
méthodes sont possibles : l’évangélisation ou les chants de rue, les free
hugs... Le porte à porte est banni, rappelant trop les témoins de
Jéhovah.
Ceux qui rejoignent l’Église adventiste viennent de toutes les religions. Il y a eu trois phases d’évangélisation chez les adventistes : la phase eschatologique, la phase institutionnelle (prônant un certain mode de vie sain) et la phase relationnelle. C’est celle-ci que privilégie le pasteur Baup. Ce faisant, la fédération nord a gagné 378 adventistes en 2012. L’évangélisation passe aussi par l’utilisation du web et des nouvelles technologies.
Ceux qui rejoignent l’Église adventiste viennent de toutes les religions. Il y a eu trois phases d’évangélisation chez les adventistes : la phase eschatologique, la phase institutionnelle (prônant un certain mode de vie sain) et la phase relationnelle. C’est celle-ci que privilégie le pasteur Baup. Ce faisant, la fédération nord a gagné 378 adventistes en 2012. L’évangélisation passe aussi par l’utilisation du web et des nouvelles technologies.
Adventisme et autres religions
Les rapports entre adventistes et catholiques dépendent des églises, mais le
pasteur assume sa «volonté de cultiver le dialogue interreligieux».
Les adventistes semblent ouverts à toutes les confessions, s’associant avec des
protestants et des catholiques pour des concerts ou des «temps de
parole» à trois voix (chrétiens, juifs, musulmans). «Cela nous
crédibilise aussi pour sortir de l'aspect sectaire qu'on peut donner»,
ajoute-t-il. par
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