Le rapport 2012 du Département d’État américain recense les atteintes à la liberté religieuse dans le monde, déplorant notamment la multiplication de lois pénalisant le blasphème et l’apostasie.
Dans cette vaste auscultation de la planète religieuse, les États-Unis s’inquiètent également de la progression de l’antisémitisme et de l’islamophobie, en particulier en Europe et en Asie.
Vivre sa foi au grand jour peut se révéler dangereux.
C’est ce qui ressort du rapport annuel sur l’état de la liberté religieuse dans le monde publié lundi 20 mai par le département d’État américain, dans lequel sont notamment épinglés la Chine, la Corée du Nord ou encore l’Arabie saoudite.
«Les lois et les politiques qui entravent la liberté des individus de choisir une religion, de pratiquer une religion, de changer de religion, de témoigner auprès des autres de leurs croyances et pratiques religieuses, ou de rejeter toute forme de religion restent omniprésentes», souligne le rapport du département d’État. «De nombreux gouvernements ont imposé des restrictions excessives et inappropriées aux groupes religieux et abusé de leurs membres, dans certains cas, dans le cadre de la loi officielle et de sa mise en pratique» en vigueur dans ces pays.
En Chine par exemple, les fonctionnaires des affaires religieuses et des organes de sécurité ont «examiné et limité» les activités de certains groupes spirituels officiels ou officieux. Le gouvernement, précise le rapport, a «harcelé, détenu, arrêté ou condamné à des peines de prison» un certain nombre de croyants pour des activités liées à leurs pratiques religieuses (assemblées de prière, expression publique ou privée de convictions, publication de textes à caractère religieux).
Inquiétudes pour la Syrie
Le gouvernement s’est montré particulièrement intransigeant envers le clergé catholique non affilié, en particulier avec l’évêque auxiliaire de Shanghaï, Mgr Thaddeus Ma Daqin, qui a été assigné à résidence après avoir pris ses distances avec l’association catholique patriotique de Chine. Le rapport condamne aussi le durcissement des restrictions politiques et religieuses dans les régions tibétaines, où 83 immolations de moines, nones et laïcs tibétains ont été recensées en 2012.
Le département d’État rappelle par ailleurs qu’en Arabie saoudite, la pratique publique d’une religion autre que l’islam est interdite, déplorant de fréquentes restrictions à la liberté religieuse. Le gouvernement saoudien aurait expulsé des étrangers suspectés d’avoir prié en privé. De leur côté, les musulmans chiites ont continué à être victimes de discriminations et de voir leurs célébrations publiques limitées par les autorités, y compris dans certaines régions où ils sont très présents. Cette année encore, une personne a été décapitée pour «sorcellerie», toujours en Arabie saoudite.
Quant à la Syrie, en proie à une sanglante guerre civile depuis plus de deux ans, le rapport affirme que le régime alaouite a accentué sa répression contre les groupes confessionnels considérés comme une «menace», tels les membres de la majorité sunnite du pays. Il dénonce des «meurtres», des «détentions» et plus largement un «harcèlement» à leur égard, arguant d’«informations crédibles» selon lesquelles le régime aurait visé des citoyens en fonction de leur appartenance religieuse dans les quartiers mixtes à Homs et dans la campagne autour d’Alep.
Lois contre le blasphème
Parallèlement, les observateurs du département d’État constatent une escalade du fondamentalisme musulman liée à l’enlisement du conflit, avec l’apparition de djihadistes en Syrie comme ceux du Front al-Nosra.
Dans cette étude dense et étayée apparaissent aussi des discriminations en Russie, en Afghanistan, à Cuba, au Soudan ou en Inde… Au Proche-Orient, c’est la situation des chrétiens qui suscite le plus d’incertitudes (notamment en Égypte, en Irak…) Parmi les autres tendances préoccupantes dans les pays à majorité musulmane, le rapport note que «l’utilisation de lois contre le blasphème et l’apostasie continue d’être un problème important» (en Arabie saoudite, au Pakistan, en Égypte, en Libye ou en Tunisie…) Il constate par ailleurs une progression continue de l’antisémitisme à travers le monde, citant par exemple la tuerie perpétrée par Mohammed Merah en mars 2012 dans une école juive de Toulouse.
L’Europe et l’Asie prudentes avec l’islam
Dans le même temps, le rapport affirme que les mesures restrictives à l’égard des musulmans ont clairement progressé en 2012, en particulier en Europe et en Asie où les discours hostiles se développent. Ces mesures, note le département d’État, «coïncident souvent avec une animosité de la société» et vont de l’éducation à l’emploi. Le département d’État signale l’interdiction de certaines tenues religieuses dans les écoles et les espaces publics.
En France, le rapport observe que «le gouvernement a généralement respecté la liberté religieuse dans la pratique. On n’a pas signalé de violations de la liberté religieuse». Mais le département d’État note que Paris a «continué de faire respecter l’interdiction légale de porter des vêtements couvrant le visage dans l’espace public». Toutefois, l’étude salue les efforts entrepris par les autorités françaises pour «promouvoir la compréhension entre les religions», en luttant contre les actes racistes, antisémites et anti-musulmans. par F.-X. M Source
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