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Tuesday, December 4, 2012

Yémen, Amputations, crucifixions : les exactions d'Ansar al-Charia

Un rapport de l'ONG Amnesty international décrit la terreur qu'a fait régner ce groupe islamiste affilié à Al-Qaïda.
 

Image d'illustration d'enfants dont la famille a été obligée de quitter Abyan,
dans le sud du Yemen, après la prise de contrôle dans la région du
groupe Ansar al Charia.
(Hani Mohammed/AP/SIPA)
"Ils m'ont accusé de vol… Ils m'ont tabassé à répétition… Après cinq jours, ils m'ont fait une injection et j'ai dormi… Quand je me suis réveillé, ma main n'était plus là." Ce témoignage fait partie de ceux recueillis par Amnesty international dans la région d'Abyan, dans le sud du Yemen, alors que la révolution pour renverser Saleh était en cours à Sanaa, la capitale.
Dans un rapport intitulé "Conflit au Yemen, les heures sombres d'Abyan", l'ONG décrit les violations flagrantes des droits de l'Homme menées par Ansar al-Charia – les Défenseurs de la loi islamique" – alors que le groupe armé islamiste affilié à Al-Qaïda avait pris le contrôle de la région, de février 2011 à juin 2012 : exécutions sommaires, des crucifixions, des amputations et des flagellations en place publique.
Ansar al-Charia avait rapidement pris le contrôle de la petite ville de Jaar, dans le gouvernorat d’Abyan au début de l'année 2011, à une période où les autorités yéménites réprimaient avec brutalité les manifestations réclamant le départ du président Ali Abdullah Saleh, avant de rapidement gagner du terrain dans la région. Mi-2011, il contrôlait la plupart des villes et des villages d’Abyan, y compris la capitale du gouvernorat, Zinjibar, décrit Amnesty.
 
Le cauchemar des tribunaux islamiques
Et en une année et demi, la mainmise sur cette région par l'organisation va s'avérer être un cauchemar.
"Le gouvernorat d’Abyan a été le théâtre d’une véritable catastrophe en termes de droits humains lorsqu’Ansar al-Charia et les forces gouvernementales se sont affrontés pour contrôler la région, en 2011 et durant les six premiers mois de 2012", explique Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
Etablissant des tribunaux religieux, Ansar al-Charia décide de "sanctions cruelles, inhumaines et dégradantes – exécutions sommaires, amputations et flagellations notamment – prononcées contre des criminels présumés, de présumés "espions" travaillant contre Ansar al-Charia et des personnes qui transgressaient les normes culturelles," décrit Amnesty après une enquête sur le terrain en juin et juillet 2012. La mission s'était alors entretenu avec des habitants, des militants, des journalistes, des victimes et des proches de victimes originaires du gouvernorat d’Abyan, principalement à Aden et Jaar.
L'ONG relate notamment la mise à mort de Saleh al-Jamli, accusé d'avoir permis la mort de quatre hommes lors d'un tir sur un véhicule effectué par un drone américain. Non seulement Saleh al-Jamli fut condamné à mort mais aussi à être crucifié. "Les témoignages des habitants de Jaar et les vidéos obtenues par la mission d'Amnesty et diffusées sur Youtube confirment cette crucifixion en public afin que tout le monde le voit", écrit Amnesty dans son rapport. L'ONG y publie notamment une photo du corps de l'homme accroché en hauteur, les bras écartés, la tête tombant sur la poitrine, une pancarte clouée au-dessus de lui.
 
Jugements et réparations
L'organisation internationale décrit également la façon dont les droits des femmes et des filles en particulier ont été piétinés, des codes vestimentaires très rigoureux imposés, ainsi qu’une séparation stricte des hommes et des femmes, et des restrictions sur le lieu de travail et à l’école. Un enseignant a ainsi expliqué à Amnesty International qu’Ansar al-Charia plaçait une de ses représentantes dans chaque école pour superviser l’application de ses instructions.
Les combats, ajoutés aux atteintes aux droits humains ont amené quelque 250.000 personnes à fuir les gouvernorats du sud du Yémen, notamment d’Abyan, souligne Amnesty qui recommande :
"Les autorités yéménites doivent veiller à ce que la commission d’enquête annoncée en septembre se penche sur les terribles violences signalées. La tragédie d’Abyan hantera le Yémen pendant des décennies si les responsables ne sont pas jugés et les victimes et leurs familles ne reçoivent pas de réparations", explique Philip Luther. Amnesty met en garde : "Si Ansar al-Charia a été délogé des villes et des villages qu’il contrôlait en juin 2012, le danger persiste qu’il réapparaisse et reprenne les armes". par Céline Lussato Source

France, Les foudres catholiques pour l'aide des sans-abris

Où est la générosité et l'amour du prochain de l'église catholique ?
et autres nouvelles...
 
En demandant à Mgr André Vingt-Trois de bien vouloir mettre les locaux inoccupés de l'Eglise catholique à la disposition des sans-abris sous peine de réquisition, la ministre écologiste du Logement s'est pris une volée de bois vert.
 

La ministre Europe Ecologie-Les Verts Cécile Duflot.
©POL EMILE / SIPA/SIPA
"Agaçantes". C'est le terme employé par l'archevêché de Paris pour qualifier les demandes de Cécile Duflot, ministre du Logement. Dans un entretien à Aujourd'hui-Le Parisien, elle dit vouloir "faire appel à toutes les bonnes volontés et aux personnes morales, qui disposent de bâtiments vides. L’Eglise fait partie des personnes morales… dans tous les sens du terme! J’ai bon espoir qu’il n’y ait pas besoin de faire preuve d’autorité. Je ne comprendrais pas que l’Eglise ne partage pas nos objectifs de solidarité".
> La riposte de l'Eglise catholique n'a pas traîné, signe que l'agacement est grand. Et c'est des structures officielles qu'est venue la réponse, quasi immédiate. D'abord via le blog de la journaliste religions au Monde, Stéphanie Le Bars, qui décompte les offres du diocèse de Paris pour l'hébergement d'urgence des personnes sans abris. "L’an dernier nous avons accueilli 120 personnes, entre trois jours et quatre mois, précise-t-on à l’archevêché. Non seulement nous leur ouvrons les portes, mais des fidèles mangent et dorment avec eux puis les aident à recréer du lien pour se réinsérer. Dans Paris, encore, un foyer vient d’ouvrir pour faire cohabiter 50 jeunes chrétiens avec 50 SDF... La préfecture de Paris, avec qui nous avons eu une réunion en octobre sait bien ce que nous faisons. Mme Duflot apparemment pas". Puis via un communiqué commun du Secours catholique, de l'Archevêché de Paris et de la Conférence des religieux et religieuses de France. Enfin, dans une interview de Jean Mercier sur notre site, le responsable de la solidarité au diocèse de Paris ne décolère pas: "Cécile Duflot n'a même pas la reconnaissance du ventre".
C'est ensuite Mgr Dubost, évêque d'Evry, qui intervient dans la matinale de RTL: "Qu'est-ce que [Cécile Duflot] fait de son bureau et de ses salles de réception? [...] L'effort doit être collectif, je ne vois pas pourquoi elle ne le ferait pas dans son ministère". Côté blogueurs, Authueil (protestant de droite) trouve normal que l'Eglise catholique se fasse cibler ainsi: "Oui, la demande est "vicieuse", mais l'église catholique a voulu se mêler de politique, elle a donc bien cherché ce qui lui arrive. Quand on ne veut pas d'ennuis, on ne s'expose pas", allusion au débat sur le "mariage pour tous". Côté blogueurs catholiques, Régis de Berranger "veut croire que cette lettre n'est qu'une erreur liée à la méconnaissance du sujet"; mais pour Patrice de Plunkett, en revanche, la petite phrase de Cécile Duflot est un rideau de fumée: "Pour faire oublier sa soumission à un gouvernement qui traite de "kyste" les écologistes, Duflot tente de détourner l'attention en s'en prenant au diocèse de Paris[...] On aimerait d'ailleurs savoir ce que les bobos d'EELV et du PS font en matière caritative : locaux à disposition des SDF, soupes populaires, etc ? Le libéral-libertaire n'est sensible qu'en paroles. Les seuls à agir sur le terrain caritatif sont les catholiques, les resto du Coeur, les communistes du Secours populaire et une galaxie d'associations civiles, sans rapport avec la boutique Désir et son annexe Duflot".
La petite phrase de la ministre a fait des vagues jusqu'en province, où Lyon Mag a aussi enquêté sur l'implication de l'Eglise catholique dans les hébergements d'urgence, avec un verdict sans appel: le quart des places supplémentaires dans le cadre du plan hivernal a été mis à disposition par le diocèse. Idem en Seine-Saint-Denis, où le Sevours catholique a appelé les paroisses à mettre à disposition leurs salles de réunion pour accueillir des personnes sans logement.
2e EDITION DU FORUM ISLAMO-CHRETIEN
Pour sa deuxième édition, le Forum islamo-chrétien, qui rassemble des responsables religieux musulmans, catholiques et protestants, avait choisi de travailler sur le thème des "tentations extrémistes". Réunis pendant deux jours à Lyon ce week-end, ils ont publié un communiqué qui indique notamment ceci: "Avant de nous quitter, nous avons pris les uns et les autres un engagement : dans nos enseignements et nos prédications, parler de l’autre croyant d’une manière qu’il puisse toujours se sentir respecté et pris en compte dans ce qu’il est profondément. A l’unanimité, nous avons décidé de nous retrouver, en 2013, pour un 3ème Forum national islamo-chrétien avec l’objectif d’approfondir nos échanges en vue de nouvelles initiatives et réflexions à mettre au service de tous, tant dans nos communautés que dans la société française".
MESSAGE D'ADIEU DE MGR WILLIAMS
Alors que son successeur, Mgr Justin Welby, prendra ses fonctions en janvier 2013, Mgr Rowan Williams, qui quitte donc sa fonction de primat de la Communion anglicane à la fin du mois, a adressé aux 80 millions de fidèles anglicans de par le monde son dernier message de l'Avent, dans lequel il en profite pour leur dire adieu. "Comme je vais quitter mes fonctions à la fin de l'année, j'aurai bien sûr un certain examen de conscience à la pensée de bien des choses négligées et non résolues, mais plus important encore il y aura aussi un grand mouvement d'action de grâce et de fête pour les nombreux moments où le Christ caché aura montré son visage un instant dans la sainteté, le témoignage commun, le service ou la souffrance des fidèles anglicans dans de nombreux endroits. En disant au revoir comme archevêque de Canterbury, je tiens aussi à dire merci à Dieu pour ces moments et les amitiés qui les entourent, et merci aussi à tous ceux avec qui j'ai eu le privilège d'exercer mon ministère durant cette décennie dans toutes les provinces de la Communion".
ANNULATION DE L'AGREMENT "EDUCATION NATIONALE" POUR SOS HOMOPHOBIE
Le Tribunal administratif de Paris a rendu son verdict dans l'affaire opposant les Associations familiales catholiques à SOS Homophobie, qui avait reçu un agrément de cinq ans du ministère de l'éducation nationale en tant qu'association éducative complémentaire de l'enseignement public. Le tribunal a notamment considéré que "les affirmations telles que 'les représentants des religions interviennent souvent publiquement pour s'opposer aux avancées en matière de droit des homosexuels' et 'justifient même parfois une certaine discrimination à l'embauche à l'encontre des homosexuels', ou par ailleurs 'les institutions religieuses sont libres de parler à leurs adeptes mais on est en droit d'attendre d'elles qu'elles n'interviennent pas dans le débat public pour peser sur la législation' sont susceptibles de porter atteinte aux convictions religieuses et philosophiques, tant des élèves que de leurs parents ou des enseignants".
L'EGLISE SAINT-ELOI DE VIERZON VENDUE
Fin de la polémique. La "nouvelle" avait enflammé le web le mois dernier, le diocèse ayant indiqué son intention de ventre l'église Saint-Eloi de Vierzon, et ayant indiqué parmi les éventuels acheteurs intéressés l'association de musulmans marocains de l'endroit. Il n'en avait pas fallu davantage pour que Saint-Eloi devienne bien malgré elle le symbole de l'islamisation, et ce jusqu'aux Etats-Unis. Finalement, c'est la Confrérie des charitables de Saint Eloi, une association aujourd'hui non-confessionnelle remontant au XIIIe siècle, qui a été désignée pour reprendre le bâtiment.
TURQUIE : LES SIMPSON ACCUSES DE BLASPHEME
L'équivalent du CSA turc, le Haut Conseil de l'Audiovisuel (RTÜK) a infligé une amende de 52.000 livres turques à la chaîne de télévision CNBC-E à cause d'un épisode de la série américaine "The Simpsons" montrant Dieu incitant des jeunes à boire de l'alcool et à commettre des meurtres, Dieu et le diable sont montrés avec des figures humaines, et on y brûle une bible. Le Haut conseil avait déjà condamné une autre chaîne de télévision pour avoir montré le capitaine Haddock en train de... fumer une pipe. par Natalia Trouiller Source


Paskistan, Manuels scolaires de la haine

Malala, héroïne d'inforture ou constructions politiques d'écoles...


Malala Yusufzai
Après la tentative d’assassinat par les talibans contre Malala, le gouvernement pakistanais a promis de construire des écoles pour les plus pauvres, qui porteront le nom de cette collégienne de 14 ans, devenue une icône au Pakistan.
Or dans les écoles publiques et privées, les manuels scolaires sont bourrés de propagande haineuse contre les minorités religieuses, chrétiens, hindous, ou chiites.
 
Une récente étude révèle d’ailleurs que les programmes scolaires et les comportements des écoliers et des instituteurs ne sont pas si différents de ceux qu’on peut retrouver dans les madrasas. Source





L'effet ''bombe'' de l'éducation...

 
 
 

Turquie, La laïcité fout le camp...

Erdogan accroît la présence des symboles islamiques
 

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan
(3è en partant de la gauche) prie sur la ''square des Martyrs''
de Tripoli, en Libye, le 16 sept.2011
Construction de mosquées, port du foulard islamique à l'école, cours de religion dans l'enseignement militaire... le gouvernement islamo-conservateur turc redouble d'efforts ces dernières semaines pour accroître la visibilité de l'islam dans l'espace public.

Grand amateur de polémiques, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a mis les pieds dans le plat en confirmant mardi qu'une mosquée serait édifiée sur la place Taksim, une des principales esplanades d'Istanbul et l'enjeu de luttes anciennes entre islamistes et défenseurs de la laïcité.
 
Une mosquée sur un lieu symbolique
"Oui, cette mosquée sera construite", a-t-il déclaré à des journalistes dans son avion au cours d'une visite en Espagne.
Un pied de nez aux défenseurs de la laïcité, à commencer par l'armée qui avait contraint le premier gouvernement islamiste de Turquie, celui du Premier ministre Necmettin Erbakan, ancien mentor de M. Erdogan, à la démission en 1997 après que celui-ci eut annoncé son projet de bâtir une mosquée à Taksim.
Mais l'armée, autrefois gardienne sourcilleuse de la laïcité et responsables de quatre coups d'Etat en un demi-siècle, a vu ses pouvoirs rognés par diverses réformes et ses éléments les plus hostiles au gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP) emprisonnés pour des projets de complots.
M. Erdogan s'est également réjoui de l'édification prochaine d'une gigantesque mosquée, d'une capacité de 30 000 places et dont le plan sera probablement inspiré de la Mosquée bleue de l'architecte ottoman Sinan, sur la plus haute colline d'Istanbul, Camlica, d'où elle surplombera le détroit du Bosphore. "Nous pensons procéder à l'appel d'offres d'ici la fin de l'année", a-t-il indiqué.
 
Introduction du foulard dans les écoles
Le gouvernement a également progressé sur un autre terrain d'affrontement traditionnel entre religieux et laïques: l'enseignement, avec l'introduction limitée du foulard islamique dans les écoles.
Mardi, le journal officiel a publié une nouvelle réglementation décidée en conseil des ministres mettant fin au port de l'uniforme dans l'enseignement primaire et secondaire.
Incidemment, la réforme prévoit que les jeunes filles pourront si elles le souhaitent porter le voile en cours de religion, une première, qui fait suite à l'annonce la semaine précédente de l'introduction de tels cours de religion optionnels dans les écoles militaires.
 
"Arrière-pensée politique"
La nouvelle réglementation fait grincer des dents dans le camp laïque. "Quand l'AKP fait quelque chose, il y a toujours une arrière-pensée politique (...) Le fait de permettre le port du voile à une écolière va conduire un peu plus tard à lui imposer ce voile par des pressions sociales", a déclaré à l'AFP Oguz Kaan Salici, responsable pour Istanbul du Parti républicain du peuple (CHP), la principale formation d'opposition.
Pour autant, ce responsable politique rechigne à invoquer le spectre d'un islamisme triomphant, et dénonce plutôt une instrumentalisation de la religion par l'AKP à des fins électoralistes, alors que la Turquie se prépare à des élections municipales et présidentielle en 2014, puis législatives en 2015.
"Il n'ont pas d'autre objectif que de polariser d'avantage la population (entre défenseurs de la liberté religieuse et laïcs) pour consolider leur base électorale", estime-t-il.
Les observateurs s'accordent à penser en effet que les prises de positions de l'armée contre l'AKP sur la question de la laïcité ont contribué au large succès de ce dernier lors des législatives de 2007.
 
Pragmatisme plutôt que dogmatisme
Jean-François Pérouse, directeur de l'Institut français d'études anatoliennes (IFEA) d'Istanbul est lui aussi convaincu que les dernières annonces de l'AKP, auxquelles s'ajoute l'ouverture récente d'un débat sur la levée de l'interdiction des confréries religieuses, relèvent d'avantage du pragmatisme que d'un dogmatisme religieux.
Outre les enjeux électoraux, "il y a dans cette accélération des références identitaires et religieuses une nécessité de masquer l'exclusion économique par l'inclusion symbolique, par l'activation du lien religieux", affirme le chercheur. par Mahmud Turkia Source

Monday, December 3, 2012

Mali, Au pays des islamistes et djihadistes

Au Pays Dogon, le temps de la survie
 
Le Pays Dogon subit une triple crise économique, alimentaire et sécuritaire. Le syncrétisme religieux qui y est pratiqué est dans le collimateur des djihadistes. Reportage.
 

Une femme du Pays Dogon dans le village de Benimato
dans l'ouest du Mali. REUTERS/Florin Lorganda

«Salut les chômeurs!» Soumaïla Guindo taquine les guides du village d’Endé qu’il croise dans les ruelles sableuses où s’enfonce sa béquille.
Dressée derrière son bonnet traditionnel à pompons qui ferait fureur sur les pistes de ski européennes, la monumentale falaise du Pays Dogon cache le soleil de fin d’après-midi.
Le maire de la commune rurale de Kani-Bonzon s’amuse d’un drame: l’absence de touristes. Au Mali, le malheur passe mieux avec le sourire. Ce dernier s’est abattu sur le pays en février 2012, lorsque les indépendantistes touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont ouvert le feu au nom d’un Nord-Mali indépendant à la légitimité démocratique et historique contestée par ceux-là même qu’ils disent représenter.
C’est ensuite une porte qu’ils ont ouverte. A des djihadistes aussi violents que crapuleux. Le MNLA n’a d’abord pas voulu, puis pas pu la refermer. Depuis le nord du Mali est la nouvelle terre promise des djihadistes d’Afrique de l’Ouest et d’ailleurs. Interdit de fumer, de s’habiller dans la tradition locale. Mais autorisation de kidnapper, de couper des membres, d’enrôler des préadolescents et d’abuser des femmes.
 
Absence des touristes
Si le Pays Dogon ne subit pas la loi des groupes armés, comme à Gao et Tombouctou, l’économie y est dévastée. Alors que les bateaux continuent de partir de Mopti à destination du nord avec plusieurs tonnes de céréales ou d’arachide à leur bord, les touristes, eux, ne sont pas prêts de revenir sur la falaise. Disparus, comme les Tellem qui la peuplaient il y a plusieurs centaines d’années, avant l’arrivée des Dogons.
«Nous sommes en train de chercher des solutions à la crise, notamment le développement du maraîchage», explique Soumaïla Guindo, assis devant sa maison en banco, contre laquelle sont posées trois bottes de pailles de mil doré.
Sa commune regroupe 17 villages et plus de 14.000 habitants. Ils dépendent «à plus de 80% des revenus du tourisme». Cette semaine, un couple de Tchèques dont le rêve était peut-être d’avoir le Pays Dogon pour lui seul a bien visité les environs.
Avec un guide sans doute plus préoccupé par ses fins de mois que par la sécurité de ses clients. Mais l’enlèvement d’un globe-trotter français, le 20 novembre, dans la région de Kayes, va sans doute refroidir les derniers touristes têtes brûlées.
Devant les cours en terre battue d’Endé, on ne prend plus la peine d’exposer l’artisanat local. Les sculptures en bois sont négligemment éparpillées au sol. Des restes de teinture à l’indigo stagnent au fond de canaris. Des pans de campements touristiques se sont écroulés faute d’entretien. Les plus jeunes enfants, qui n’ont pas connu les cohortes de touristes, sont effrayés par les blancs comme dans n’importe quel village perdu du Mali. Eux seuls animent un peu les journées. Source