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Monday, August 13, 2012

Tunisie, La femme n’est plus l’égale de l’homme

La femme n’est plus l’égale de l’homme

Le 13 août 1956, le Code du statut personnel est promulgué par Habib Bourguiba en Tunisie. Une révolution pour les femmes, dont l’égalité avec les hommes est reconnue par la loi. La polygamie est alors interdite et le divorce possible. Août 2012, un projet d’article de la future Constitution tunisienne stipule que « l’État assure la protection des droits de la femme sous le principe de complémentarité avec l’homme au sein de la famille en tant qu’associée de l’homme ». Concrètement, le principe d’égalité est remis en question. Un coup dur qui - ironie du sort - survient à l’occasion du 56e anniversaire du Code.
C’est une députée du parti de gauche Ettakatol - pourtant membre de la coalition gouvernementale - qui a lancé l’alerte sur sa page Facebook. «Cette séance a servi de prétexte aux députés Ennahda pour revenir sur le principe d’égalité entre hommes et femmes», écrit Selma Mabrouk. Toujours selon la députée et sa retranscription de cet article 27 sur les droits des femmes, la version adoptée le 1er août par la commission Droits et libertés - une des commissions consultatives de l’Assemblée nationale constituante (ANC), chargées de rédiger les différents articles de la Constitution - se poursuit par : «L’État garantit l’égalité des chances pour la femme dans toutes les responsabilités. L’État garantit la lutte contre la violence faite aux femmes, quelle qu’en soit la sorte».

La femme «annexée» à l’homme
Pour Sondès Garbouj, présidente de l’antenne tunisienne d’Amnesty International, les termes mêmes de l’article posent problème. «On dit complémentaire de l’homme en français ; en arabe, cela se dit annexée à l’homme. La femme n’est donc pas un être qui existe par lui-même, qui est libre de ses choix. Si vous définissez la femme comme annexe, tout est permis». Une interprétation réfutée par le parti islamiste Ennahda. Mehrzia Nabidi, membre du parti et vice-présidente de l’ANC, précise : «Complémentarité ne veut pas dire inégalité». «Dans la complémentarité, est-ce qu’il y a une inégalité d’une part ou d’une autre ? Dans la complémentarité, il y a justement un échange, un partenariat».
Si le texte n’a pas encore été voté en séance plénière, de nombreuses associations tunisiennes sont sur le qui-vive. Selon elles, le simple fait qu’il ait été adopté par une commission constitue une régression sociale dangereuse. Autre problème, l’article 27 contredit l’article 22 - déjà adopté -, qui stipule que «les citoyens sont égaux dans leurs droits et leurs libertés et devant la loi, sans discrimination d’aucune sorte», et l’article 21, qui réaffirme «le principe de l’égalité des droits et des devoirs entre les deux époux». Ce dernier avait été adopté en juillet, en l’absence des députés du parti islamiste, retenus par le congrès de leur parti.

Combat
Selma Mabrouk voit dans le vote de l’article 27 la revanche du parti islamiste Ennahda, justement. «Je suis une femme tunisienne et avant d’être une femme ou une Tunisienne, je suis un être humain et une citoyenne à part entière». Pour aller plus loin dans le combat, la députée de gauche a mis en ligne une pétition demandant le retrait du texte. Une action soutenue par la Ligue des droits de l’homme qui a publié, elle aussi, un texte sur son site : «L’égalité est un droit, l’égalité est une nécessité». Les associations féministes s’activent de leur côté sur les réseaux sociaux, pour inciter les Tunisien(ne)s à manifester le 13 août, jour de la fête de la Femme en Tunisie. Car la crainte d’une islamisation de la société n’est pas écartée.
Selon les opposants d’Ennahda, le parti islamiste joue sur les mots. Interrogée par l’agence de presse tunisienne TAP, Mehrzia Nabidi répond : «Plusieurs rumeurs ou lectures erronées qui circulent font naître chez les femmes et la société civile un sentiment de perte de droits». Mais elle assure que «les droits de la femme sont préservés et ne pourront pas être touchés», et ajoute que la «Constitution qui sera rédigée comportera également un article qui consacrera le principe de l’égalité des sexes».
Une garantie qui ne rassure pas. Par Sabrina DUFOURMONT, Lepoint.fr Source

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