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Thursday, October 4, 2012

Religion, Liberté religieuse... toujours libre ?

La liberté religieuse politisée... Danger !

Motivée au départ par la solidarité avec les chrétiens d’Orient, cette mobilisation pourrait déboucher sur une véritable politique. Elle s’inspire, tout en s’en distinguant, des pratiques plus anciennes du département d’État américain.
 
La liberté religieuse est-elle plus menacée aujourd’hui ?
C’est l’une des raisons expliquant le regain d’attention sur le sujet. L’observatoire Pharos «du pluralisme des cultures et des religions», lancé mercredi 3octobre à Paris, se donne ainsi pour mission de pointer, sur son site Internet, «les atteintes de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves à la liberté de conscience, à la liberté d’expression et à la liberté religieuse à travers le monde». Les «printemps arabes», en particulier, concentrent les inquiétudes, en ce qui concerne notamment la place de l’islam dans les Constitutions.
Il ne faudrait pas oublier toutefois que les pays communistes de l’ancien bloc de l’Est – et encore aujourd’hui Cuba, le Vietnam ou la Chine – se sont longtemps illustrés en matière de répression, sans susciter la même mobilisation.
Celle-ci s’explique donc aussi par des motifs «stratégiques», comme le reconnaît explicitement une résolution du Conseil des 27 ministres des affaires étrangères de l’Europe de juin 2009.
«Les puissances occidentales les plus laïques s’aperçoivent que la religion joue un rôle important dans les relations internationales et que négliger ce facteur revient à “tronquer” leur politique étrangère», souligne le P. Henri Madelin, jésuite, auteur d’un rapport sur le sujet pour la Fondation pour l’innovation politique. La création par Bernard Kouchner en juin 2009 d’un pôle religions au sein de la direction de la prospective du ministère français des affaires étrangères français est à ce titre révélatrice.
 
Qu’est-ce que la liberté religieuse ?
«Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites», indique l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH).
Si certains pays – comme la France – sont tentés de ne lui garder que sa dimension individuelle, d’autres – comme l’Algérie – se bornent à tolérer sa dimension collective – la célébration de messes par exemple – mais refusent catégoriquement d’admettre un droit individuel à croire ou à ne pas croire.
Comme toute liberté, elle est bornée par les nécessités de «l’ordre public», celles qui ont conduit par exemple la France à interdire des manifestations de protestation contre le film The Innocence of islam.
Son articulation avec la liberté d’expression – protégée par l’article 19 de la DUDH – est plus délicate. Depuis les premières caricatures du prophète Mohammed en 1999, les pays de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) tentent de faire adopter par l’ONU une résolution contre «le dénigrement» ou «la diffamation» des religions, un concept qui a resurgi ces derniers jours.
L’Union européenne et la France en particulier qui distinguent la critique des religions et l’incitation à la haine religieuse, seule susceptible de sanctions, s’opposent à ce texte.
 
Comment protéger au mieux la liberté de religion ?
Aux États-Unis, où la liberté religieuse est au cœur du premier amendement de la Constitution, la mobilisation est ancienne, s’étendant à des mouvements considérés comme sectaires en Europe.
Dès 1998, le Congrès a adopté une loi – l’«International Religious Freedom Act» – plaçant la promotion de cette liberté au cœur de la politique internationale américaine. Un bureau dédié a été créé au sein du département d’État, chargé de rédiger un rapport annuel toujours très commenté, notamment pour sa liste des «pays les plus préoccupants». «Quand le président américain se rend dans un pays, il a toujours avec lui une liste de personnes emprisonnées pour raisons religieuses», constate ainsi le P. Madelin.
Sur le Vieux Continent, la préoccupation est plus récente. «La France, notamment, est plus en phase avec la liberté de conscience, alors que la liberté de religion est considérée comme un concept anglo-saxon», note Valentine Zuber, maître de conférences à l’École pratique des hautes études et auteur d’une thèse sur la tolérance religieuse.
Jusqu’à présent, le Conseil de l’Europe jouait son rôle en défendant le «droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion» dans ses pays membres, par le biais de la Cour européenne des droits de l’homme. Mais rares étaient les pays à intégrer cette dimension dans leur politique étrangère.
La situation est en passe de changer, sous la pression notamment des nombreux observatoires apparus ces dernières années. «L’exode des chrétiens irakiens dans les années 2000 et plus encore les deux attentats de la fin 2010 – à Bagdad, dans la cathédrale syriaque catholique, et à Alexandrie, dans une église copte – ont contribué à mettre en branle les chancelleries», reconnaît un diplomate.
Dans la foulée, le Parlement européen adoptait une résolution «sur la situation des chrétiens dans le contexte de la liberté de religion». Puis les 27 ministres des affaires étrangères votaient à leur tour un texte, non sans afficher leurs divergences entre pays – Pologne et Italie notamment – qui souhaitaient que soient explicitement mentionnés les chrétiens, et ceux – Grande-Bretagne, pays nordiques – qui redoutaient d’encourager un «clash des civilisations»…
De plus en plus, et la demande émane des chrétiens d’Orient eux-mêmes, les défenseurs de la liberté religieuse prennent conscience que limiter leur combat à celle-ci ne suffit pas, d’autant que «les persécutions religieuses ont toujours une dimension politique», note Johanna Touzel, porte-parole de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (Comece).
 
Quel peut être le rôle de la France dans ce domaine ?
En raison de sa «mission particulière» à l’égard des chrétiens d’Orient, la France a pris la tête de la mobilisation, assure-t-on au Quai d’Orsay. Avec d’autres – Autriche, Pays-Bas, Italie, Allemagne –, elle fait en sorte que les nouvelles «lignes directrices» de l’Union européenne en matière de droits de l’homme, en discussion depuis plusieurs mois, mettent l’accent sur la liberté de «religion et de conviction».
«L’idée est de ne pas copier le modèle punitif américain mais de se donner les moyens d’obtenir des résultats sur quelques années», explique ce diplomate. «Nous pourrions proposer un engagement constructif aux pays qui souhaitent coopérer avec nous dans la protection de leurs minorités religieuses.»
Le président de la République, François Hollande, doit d’ailleurs adresser un message de soutien à l’observatoire Pharos pour «réaffirmer, dans le cadre général des droits de l’homme, son attention à la liberté de religion et de conviction».
«Le Quai d’Orsay, notamment depuis l’arrivée de Joseph Maïla au pôle religions, a une voix originale sur ces sujets. Mais d’autres conceptions plus restrictives s’expriment en France et rencontrent peut-être plus d’écho dans l’opinion publique», prévient toutefois la chercheuse Valentine Zuber, pour qui la promotion de la liberté religieuse doit aussi «se faire en France».
 
Informations complémentaires :
 
Les observatoires dans le monde
 
En Amérique du Nord
États-Unis : le département d’État américain publie chaque année depuis 1998 un rapport sur «l’état de la liberté religieuse dans le monde». La Conférence des évêques catholiques des États-Unis a annoncé en septembre 2011 la création d’un Comité pour la liberté religieuse, sous la présidence de Mgr William Edward Lori, évêque de Baltimore.
Canada : le ministère des affaires étrangères a créé en janvier un Bureau de la liberté de religion.
 
En Europe
Le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (Odihr en anglais) de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe publie un rapport annuel «sur les crimes inspirés par la haine» dans ses pays membres.
L’Observatoire de l’intolérance et des discriminations contre les chrétiens, fondé en novembre 2011 en Autriche par le Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE), publie un rapport statistique une fois par an.
L’Observatoire de la liberté religieuse, créé en juin 2012 en Italie à l’initiative conjointe du ministère italien des affaires étrangères et de la ville de Rome, confié au juriste catholique Massimo Introvigne, a pour mission «de contrôler et contrecarrer les atteintes à la liberté religieuse dans le monde».
L’observatoire Pharos du pluralisme des cultures et des religions, créé à l’initiative de diverses personnalités, religieuses ou non, doté d’une subvention du Quai d’Orsay mais indépendant de lui, met en ligne sur son site Internet trilingue des fiches réalisées, pays par pays.
 
Les rapports
L’Aide à l’Église en détresse publie tous les deux ans un «rapport sur la liberté religieuse dans le monde», ainsi que l’ouvrage Persécutés et oubliés ? Un rapport sur les chrétiens opprimés pour leur foi.
Chaque année depuis 1997, Portes ouvertes publie l’Index mondial de persécution, un classement des 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés.
Le Pew Research Center, «think tank» américain, publie chaque année un rapport sur les «restrictions religieuses».
Le rapport annuel de Human Rights Watch (HRW) sur «l’état des droits de l’homme dans le monde» dresse également la liste des atteintes à la liberté religieuse. Enfin,en avril, Amnesty International a publié un rapport spécial sur «les discriminations contre les musulmans en Europe». par Anne -Benedicte Hoffner Source
 
 Article lié :
 
Benoît XVI multiplie les appels en faveur de la liberté religieuse, selon une définition bien plus large que la seule liberté de culte.
 
L’Église revient de loin. Son engagement, désormais constant, en faveur de la liberté religieuse a supposé de sa part une véritable conversion, qui s’opéra durant le concile Vatican II.
Il faut dire qu’elle a dû, à peine émergée de la chrétienté triomphante, puis assoupie, «se dépouiller d’un certain réflexe de puissance, d’une nostalgie de l’enrôlement des masses», comme l’écrit le P. Henri Madelin, jésuite, dans La Liberté religieuse*.
 
«Liberté religieuse» citée à dix-neuf reprises


Benoît XVI l’a parfaitement assimilé, lui qui, dans son discours au corps diplomatique du 10 janvier 2011, prononça à dix-neuf reprises l’expression «liberté religieuse».
Au fil des angélus dominicaux et de ses divers discours, comme récemment à Beyrouth, il ne cesse d’appeler à son respect, et pas seulement pour les chrétiens victimes de discriminations et d’attentats en Irak, au Pakistan, en Syrie, en Inde, au Nigeria, au Soudan, en Chine, etc. À plusieurs reprises, il a ainsi défendu le droit de ne pas avoir de religion.
En effet, la liberté religieuse telle qu’envisagée par le Saint-Siège ne se limite pas à la défense de la liberté de culte pour les catholiques. Elle ne saurait pas même se cantonner à une certaine tolérance en faveur de minorités religieuses, comme c’est le cas dans le monde musulman, ni au respect de l’exercice purement privé d’une vie religieuse personnelle, comme dans les sociétés sécularisées.
 
Réconciliation entre l’Église et les sociétés devenues laïques
Cette vision globale de la liberté religieuse s’inspire directement de l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Promulguée à sa suite en décembre 1965, la déclaration conciliaire Dignitatis humanae se situe, selon le P. Henri Madelin, «à l’intersection d’une vision rénovée des désirs des croyants, des droits de tout homme, et des garanties que doit leur procurer une démocratie moderne».
Au fil du XXe siècle, les papes Léon XIII, Pie XI, puis Pie XII avaient déjà, sur ce plan, travaillé pour la réconciliation entre l’Église et les sociétés devenues laïques. Il faudra attendre le Concile pour que l’Église soit à même d’envisager la liberté religieuse comme un droit civil et social, garanti par l’État, valable pour tous, même pour ceux qui, d’un point de vue croyant, sont dans l’erreur.
Benoît XVI entend utiliser ce texte comme un outil dans la conjoncture internationale. Car l’Église représente une société internationale réelle, qui veut peser de son autorité sur les évolutions : si le pluralisme religieux n’est pas défendu dans un pays, d’autres droits pourront y être également bafoués.
La liberté religieuse, à l’origine de la liberté morale, s’enracine ainsi dans la dignité de la personne humaine. Elle est, a déclaré le pape dans son message annuel pour la paix, le 1er janvier 2011, «un acquis de civilisation politique et juridique», et constitue le patrimoine de «la famille tout entière des peuples de la terre», et pas seulement «des croyants.» par Frédéric Mounier Source

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