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Thursday, February 28, 2013

Vatican, L'heure des bilans sous l'autorité de Benoit XVI

La papauté, huit ans plus tard
 
Les temps changent, même pour une institution bi-millénaire qui se vante de ne pas être tenue par le rythme du monde. Le monde et l’Église avec lesquels devra composer le nouveau pontife ne sont pas ceux de l’élection de Joseph Ratzinger.

Benoît XVI, le 13 février, en la basilique Saint-Pierre du Vatican.
 Copyright : AFP
Entre 2005, année de la mort de Jean Paul II, et 2013, le monde et
 l’Église catholique ont changé. Le futur pontife ne pourra
s'affranchir de certaines réalités nouvelles.

Ces presque huit années ont confirmé la faillite des grandes puissances d’hier. Les États-Unis reconnaissent ne plus être les seuls gendarmes du monde, après l’échec de leur prétention à éradiquer le péril islamiste à coup de milliers de GI et de drones. Nous sommes loin des années Bush. Un certain discrédit de l’Onu et de l’UE vient rajouter à la redistribution des cartes stratégiques, au profit de nouveaux grands (Inde, Brésil, Corée du Sud).
La crise de 2008, amenée à durer, a également montré l’impuissance des États face aux géants transnationaux de la finance et de l’internet. Puissance mondiale, l’Église catholique n’a pas échappé à cette tendance. Elle a échoué, dans les pays de chrétienté, à empêcher certaines évolutions demandées par des sociétés postmodernes, dans lesquelles l’individu ne supporte guère les normes.

On pense bien sûr au mariage gay en Espagne (2005) et en France (2013), mais aussi à l’autorisation de l’euthanasie en Belgique (2002). Même l’Amérique latine, et ses nombreux gouvernements de gauche, est touchée par la vague que contenaient hier des épiscopats influents.
En 2013, la place diplomatique du Saint-Siège est en recul par rapport aux années Jean Paul II et aux missions de son envoyé spécial Roger Etchegaray. Le pape polonais avait l’ambition de parler au monde, quand son successeur consacrait toute sa mission à l’affermissement de ses troupes. Mis de côté inexplicablement en début de pontificat, le dialogue interreligieux a retrouvé un nouveau souffle grâce au travail du cardinal français Jean-Louis Tauran (1), qui a su convaincre le pape de maintenir le lien avec le monde islamique.

L’irréversible évolution
La démographie catholique a poursuivi son évolution. L’étiolement de son ancien centre européen est à peu près compensé par les dynamismes africains et asiatiques, où les vocations sacerdotales sont en forte hausse. 
Nombre de prêtres, venus d’Afrique, d’Asie ou de Pologne, en «CDD» ou «CDI»(2), sont indispensables aux diocèses de France. Et le discours évoquant la richesse de l’échange interculturel ou le retournement historique des années mission­naires ne cache pas la réalité nu­mérique. En 2013, nombre de nos presbytères sont internationaux, tout comme les communautés de religieuses.
Au niveau intra-ecclésial, le discours ferme face aux religieux pédophiles et désormais irréversible. Comme son corollaire, l’exigence accrue envers les candidats au sacerdoce. Les révélations régulières de scandales sexuels furent le vrai cauchemar du Saint-Siège sous Benoît XVI, plus que l’affaire Vatileaks qui a surtout excité la presse.
 
Campagne électorale
La communication, un des points faibles récurrents du Vatican, a été améliorée, avec l’arrivée d’un vrai pro­fessionnel auprès de la Secrétairerie d’État. Une évolution qui va au-delà des coups médiatiques, comme les tweets du pape. Les murs du Vatican ne protégeant plus le Saint-Siège contre l’intrusion médiatique, le futur patron devra poursuivre cette conversion.
Dernière innovation de ce conclave, outre qu’il se déroulera du vivant du pape, consiste en une inédite campagne électorale. Les cardinaux disposent d’un mois plein avant de s’enfermer pour le vote, quant ils ne disposaient hier que de deux semaines, largement occupées à prier pour l’âme de l’ancien pontife. 

(1) Dès le lendemain de l’annonce de la renonciation papale, le quotidien italien La Repubblica plaçait le prélat girondin au centre du pôle progressiste du Saint-Siège.
(2) CDD : Contrat à Durée Déterminée, CDI : Contrat à Durée Indéterminée.
 
Sur le même sujet, lire aussi : Édito - Pasteur et passeur Vatican : le changement, c'est maintenant ! ; Benoît XVI libère le pape   par Philippe Clanché Source

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