BiENVENUE SUR MON FACEBOOK :

Tuesday, February 14, 2012

La Liberté vue par les étatsuniens

La liberté chérie des catholiques américains

Vue de France, difficile, de comprendre l’ampleur de la protestation des catholiques américains contre le plan Obama pour la couverture maladie (Obamacare). Une disposition de ce plan veut en effet imposer à toutes organisations gérées par l’Église de rembourser 100 % des coûts d’assurance-maladie de leurs employés liés à la contraception (stérilisation, pilules contraceptives et abortives). Sans admettre d’exception, malgré la réprobation de l’Église pour l’usage de ces médicaments. Depuis un mois, les évêques sont vent debout contre cette disposition et multiplient déclarations, lettres, pétitions. Dernière péripétie ce dimanche, avec leur refus d’accepter le compromis proposé par Barack Obama, visant à faire rembourser les coûts liés à la contraception par les compagnies d’assurances. En quelques jours, le bras de fer est devenu une affaire d’état, largement relayée par les candidats républicains.

Le premier amendement de la Constitution
Fait assez rare, l’opposition vient aussi bien des catholiques de droite, que de gauche, assez unanimement contre leurs évêques. C’est d’autant plus surprenant que l’on sait que plus de 75 % des femmes catholiques américaines ne suivent pas les prescriptions de l’Église en matière de contraception. En réalité, le problème n’est pas celui de la contraception, et de son utilisation. Pour les catholiques américains, ce qui est en jeu, c’est leur liberté de conscience, et de religion, telle que garantie par le premier amendement de la Constitution. Ils se réservent le droit de ne pas être d’accord avec leurs évêques sur l’utilisation de moyens contraceptifs. En revanche, ils s’indignent de voir l’État forcer leur Église à violer sa conscience sur un sujet considéré comme essentiel. Deux arguments permettent de mieux comprendre : d’une part, la conception, très américaine, de la liberté religieuse, dans une philosophie libérale, qui a bâti la liberté de conscience des individus et des corps intermédiaires (Églises, associations) contre l’emprise de l’État.

Un acteur majeur du système de santé
De plus, la décision d’Obama semble faire peu de cas des convictions profondes d’un acteur majeur du système de santé. L’institution catholique représente 625 hôpitaux, avec un total de 30 milliards de dollars de chiffres d’affaires, et se trouve donc derrière les soins prodigués à un malade sur cinq aux États-Unis. Ce n’est pas un hasard si les organisations catholiques qui avaient fortement soutenu le plan de couverture maladie du président démocrate sont les mêmes qui se retrouvent aujourd’hui au premier rang de la contestation. Derrière un affrontement dont les arrières-pensées politiques ne sont pas absentes, c’est toute une conception de la liberté religieuse qui est en jeu pour les catholiques américains. Même si certains théologiens américains regrettaient, ces derniers jours, que cette question de la conscience ne soit posée de manière spectaculaire que dans des cas de morale sexuelle, et non en matière d’économie ou d’armement.

L’importance de la liberté religieuse est d’ailleurs au centre du document publié par les évêques, l’automne dernier, en vue des élections présidentielles « Former les consciences pour la citoyenneté des fidèles ». Et les évêques viennent de créer un comité sur ce principe, pour défendre leur droit d’apporter leurs principes et convictions morales dans l’arène publique…

Une atteinte à la liberté de conscience
Le président voulait ainsi faire un geste envers l’opinion catholique. Depuis l’annonce d’une loi visant à obliger toutes les entreprises à rembourser ces soins, via les contrats d’assurance-maladie de leurs salariés, les évêques américains, suivis par une partie importante de l’opinion catholique, étaient montés au créneau pour défendre ce qu’ils considèrent comme une atteinte à la liberté de conscience. Au total, 171 évêques (représentant 90 % des diocèses américains) se sont déjà élevés contre cette disposition, ainsi que certains élus démocrates, comme le sénateur Joe Manchin (Virginie-Occidentale) qui a expliqué vendredi dans une lettre qu’une telle disposition était « non seulement inacceptable, mais aussi antiaméricaine ».

La crainte de voir écorner le principe de la liberté religieuse, auquel sont particulièrement attachés les catholiques américains, avait gagné aussi les milieux plus favorables à Barack Obama. « Il est temps pour l’administration Obama d’admettre qu’elle a passé les bornes », soulignait ainsi jeudi l’éditorial du National Catholic Reporter, revue de la gauche catholique. Quant aux candidats républicains, ils en ont fait depuis quelques jours l’un de leurs thèmes de campagne. Le compromis proposé par Barack Obama n’a donc manifestement pas suffi à apaiser ces craintes. Pour les évêques, le simple fait d’obliger les compagnies d’assurance à rembourser ces soins constitue en soi une grave violation de la Constitution.

Exemption pour les « employeurs religieux »
Pour l’épiscopat américain, ce qui est en jeu, c’est la liberté religieuse et, avec elle, la liberté de conscience, inscrites au fronton de la constitution américaine. L’archevêque de New York, président de la conférence épiscopale et futur cardinal, Mgr Timothy Dolan a ainsi dénoncé « une intrusion inédite dans la liberté de conscience », dans le Wall Street Journal du 25 janvier.
Les établissements catholiques, qui représentent 12,7 % des hôpitaux, soit 5,6 millions de patients chaque année, vont se retrouver devant un « dilemme inacceptable », estime le diocèse de Washington : « Choisir entre violer la loi et violer sa conscience ». Lorsque le texte a été présenté en août, le département de la santé avait prévu une exemption pour les « employeurs religieux », à savoir les établissements dont le personnel est majoritairement de même confession. Une exemption « trop restrictive », ont estimé les évêques, demandant qu’elle soit élargie. En vain.

54 % des catholiques avaient voté Obama en 2008.
Tous les contrats d’assurance-maladie devront comprendre la couverture des coûts de contraception et d’avortement à partir du 1er août 2012. Et les établissements catholiques auront un an tout au plus pour s’aligner sur les nouvelles règles, a annoncé le 20 janvier Kathleen Sebelius, chef du département de la santé, elle-même catholique mais écartée de la communion pour ses positions sur l’avortement. Dans la bataille qui s’engage, les évêques américains qui représentent 70 millions de fidèles, ont reçu le soutien de Benoît XVI. Jeudi 19 janvier, le pape s’est inquiété de ces « graves menaces » et a critiqué fermement les « tentatives préoccupantes de réduire la liberté de religion à la liberté de culte, sans garantie du respect de la liberté de conscience ». Cette crise ouverte devrait peser sur la campagne présidentielle américaine. En 2008, 54 % des catholiques avaient voté pour Barack Obama.

Christianisme évangélique : Lundi 13 février 2012

No comments:

Post a Comment

Ce "post" vous a plu ? Laissez donc un commentaire !